• À la Renaissance, les poètes, notamment sous l'impulsion de la Pléiade, cherchent à renouveler la poésie médiévale en s'inspirant des genres et auteurs gréco-latins. Ils reprennent ainsi, entre autres, les motifs majeurs de la poésie antique, tels que la fuite du temps, mais sur un mode plus élégiaque et lyrique qu'au Moyen Âge.
Fugit irreparabile tempus ( Temps irremplaçable).
• Les poètes de la Renaissance déplorent à leur tour la fuite irrémédiable du temps et travaillent particulièrement le motif de souvenir. Cette conscience du temps qui fuit provoque moins l'angoisse que la mélancolie, contrairement à ce qui était exprimé dans la poésie du Moyen Âge. Dans son épigramme « De moi-même », Clément Marot, précurseur de la Pléiade, regrette par exemple sa jeunesse :
« Plus ne suis ce que j'ai été,
Et ne le saurais jamais être.
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre. »
• Le souvenir des moments heureux et des personnes que l'on a aimées apparaît alors comme le moyen de lutter contre leur disparition. Pierre de Ronsard voit ainsi dans la poésie le moyen de rendre permanente la beauté et la jeunesse qui ne sont plus. Dans ses Sonnets pour Hélène (1578), il explique à Hélène de Fonsèque que ses poèmes rendront sa beauté immortelle :
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. »
• Il est à noter qu'en inscrivant son nom dans ces vers, Ronsard semble chercher sa propre immortalité.
Memento mori
• Cette mélancolie face au temps qui fuit conduit les poètes à décrire la vanité du monde et de l'homme. Dans Les Antiquités de Rome (1558), Joachim du Bellay médite sur la chute de la civilisation romaine. L'anéantissement de cet immense épisode de l'histoire devient pour lui le signe que tout meurt :
« Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l'œuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?
Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité. (Sonnet XXXII) »
Carpe diem
• Parallèlement à cette mélancolie passive face au temps qui passe, certains poètes, et notamment Pierre de Ronsard, revisitent l'épicurisme antique en cherchant à jouir de chaque instant. Le poète reprend alors presque explicitement le fameux carpe diem d'Horace : le motif de la fleur qu'il faut cueillir est très présent dans ses poèmes. Ainsi la fin de « Quand vous serez bien vieille… » :
« Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. »
• Ou encore, la fin de ce sonnet devenu très célèbre « Mignonne, allons voir si la rose », extrait des Amours de Cassandre (1545) :
« Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté. »
( Source Google)
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Juste pour conforter votre si très beau message de votre prenante poème.
Bonjour cher ami poète Roman...
Tarek
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Quand on a l'esprit élevé et le cœur bas, on écrit de grandes choses et on en fait de petites.
Albert Camus