Fosse au Diable patrons ! Toujours vile obsession
Du pouvoir picaillons, misérable ambition :
Dominer l’être humain, la planète au secours…
Loin du coeur qui se bat pour quelques mots d’amour.
Fosse au Diable ouvriers ! Au culte du labeur,
Tous unis pour cracher dans le dos des rĂŞveurs;
Effilochant leur paye en habit d’Amazon,
Usufruit désolant d’une empreinte carbone.
Fosse au Diable endormis ! Seigneurs de la paresse,
Valet d’un canapé que plus rien n’intéresse;
Lorsqu’une vie défile - empruntée - dans leurs yeux…
Que cela suffit-il : illusion d’être heureux ?
Fosse au Diable jeunesse ! Élégance à paillettes,
Rebelle, ensanglantée d’un costume de fête;
Dépeignant l’avenir aussi noir que violent
Pour finir corvéable à merci de l’argent.
Fosse au Diable l’ancien ! Que c’était mieux avant…
Cette Ă©poque oĂą la gifle Ă©duquait nos enfants;
La sagesse en trophée : de mon temps, savait on
Le prix fort Ă payer pour descendre au charbon.
Fosse au Diable enseignants ! L’ascenseur à l’arrêt…
« Égalité des chances » écrit sur du papier,
Déguisant la misère en un soin palliatif;
Guérit-on du cancer avec des sédatifs ?
Fosse au Diable l’élu ! Gauche et droite au milieu,
Adepte corrompu du discours sonne creux;
Au programme : des mots… des mots… toujours des mots…
Plaidant le changement mais derrière un bureau.
Fosse au Diable médias ! De la publicité,
Ainsi meurt sous nos yeux : liberté de penser.
Mise en vente aux enchères… Audience et faits divers
Plongent l’information dans un puits d’actionnaires.
Fosse au Diable uniforme ! Et d’un coup de matraque,
Déforme honteusement la défense en attaque,
Protégeant les puissants de Bastille à Nation…
Sombre chair à canon de la révolution.
Fosse au Diable insurgés ! Au slogan des pancartes,
Réclamant quelques sous juste avant qu’ils ne partent
Consommer la sueur de leur rude travail,
Au centre commercial, triste champ de bataille.
Fosse au diable fascistes ! Aux si belles dents blanches,
Cariées par la haine issue d’un cœur étanche,
Brandissant le drapeau - monotone couleur -
Sous un bel arc-en-ciel Ă la peau black-blanc-beurre.
Fosse au Diable l’instruit ! Bien-pensant de guimauve,
Au matin du grand soir, que fait-il ? Il se sauve…
Loin de l’odeur puante; à la France d’en bas,
Qu’il sacre en doigt d’honneur (cela ne se fait pas).
Fosse au Diable les stars ! De l’écran de fumée,
Émerge ce héros à la cape dorée,
Inspirant les enfants, tout en haut de l’affiche :
Que feras-tu plus tard ? Moi je veux ĂŞtre riche !
Fosse au Diable poètes ! Avec leurs feuilles mortes,
Maladroits d’aller bien ou d’agir de la sorte,
Recouvrant de poèmes un monde à revêtir…
Est-ce alors pour cela que j’arrête d’écrire ?
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.