Toi qui cours après tout, surtout après le temps
Pour remplir de gros mots les projets importants,
Comme faire ses courses ou penser au ménage,
Mettre un peu de côté pour partir en voyage.
Toi qui zappes une chaîne au moment du repos
Mérité, j’en conviens, juste après le boulot;
Le cerveau connecté - Lot de consolation -
Est-ce un coup de fatigue ou de la dépression ?
Toi qui penses aux passions d’une ancienne jeunesse
Où ta peau s’échauffait d’une simple caresse;
Aujourd’hui silencieuse, assurant qu’il est sage
D’avoir de bons rapports avec le voisinage.
Toi qui t’es résigné à ne plus vouloir être
Autre chose qu’un chien dévoué à son maître;
Vivre pour obéir ! Clamant avec fierté
Que tu es engagé lorsque tu vas voter.
Toi qui trembles aux abords du moindre changement,
Que pourtant tu exaltes entre deux arguments,
Plaidant la juste cause : honte Ă ceux consomment !
Vaut-il mieux, à l’inverse, être bon économe ?
Toi qui meurs Ă la tache (avec ta permission)
Pour remplir de sueur les profits d’un patron,
Toujours le poing levé : gloire aux gens qui galèrent !
Tire-au-flanc sont les autres Ă vouloir ne rien faire !
Toi qui sais que les mots ne soulageront rien,
Peux-tu faire exception lors du prochain quatrain ?
Peut-être existe-t-il, caché dans ce poème,
Un très simple moyen de flinguer le système.
Toi qui as oublié le regard de l’enfant :
Lorsque Robin des Bois, contre le prince Jean,
DĂ©robe le seigneur pour rendre aux sans-le-sou
Ce qui leur appartient… Lequel est un voyou ?
Toi qui brilles pourtant, cuisant de l’intérieur
Cet amour qui demande Ă germer dans ton coeur,
Délivrant un message à l’encre de sa voix :
Bel aveu qu’en ce monde, il n’y a pas que toi.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.