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     Le père Bibi
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Expéditeur Conversation
lefebvre
Envoyé le :  1/2/2023 16:57
Plume de platine
Inscrit le: 31/5/2009
De: Aube (10)
Envois: 3849
Le père Bibi
Le père Bibi

La première fois que je suis allé en forêt, j’avais une dizaine d’années. Un voisin assez âgé, qui était passionné de champignon et de la nature, avait demandé à mes parents si je pouvais l’accompagner. Mes parents ont dit oui, et le lendemain matin nous sommes partis tous deux, dans une vieille juva4.
N’ayant pas eu d’enfant, le père Bibi, (c’était son surnom) aimait la compagnie des enfants qu’ils lui rendaient bien, il était tellement gentil, avec un parler franc sans chichi.

J’étais très heureux de partir en direction de la forêt qui n’était pas très loin. La première chose à retenir, m’a dit le père Bibi qui me parla beaucoup toute la matinée (toujours en chuchotant pour ne pas effrayer la nature... disait-il) c’est d’aborder la forêt avec beaucoup de précautions.
Quand on voit les arbres il faut ralentir, rouler à 30 ou 40 kilomètres-heure pas plus, car il y a toujours un risque de culbuter un animal un peu fou qui traverserait la route.
Il faut dès que possible quitter la grande route et chercher les petites routes secondaires. Souvent, de ces petites routes on voit régulièrement de Grande Allée empierrées fermées par une barrière, on les appelle des routes forestières. Il faut s’arrêter sur le côté, en se garant le plus serré possible pour ne pas gêner le passage éventuel d’autres véhicules.
C’est à cet instant que les leçons ont vraiment commencé…je vais le laisser parler.

-La première chose à se rappeler, c’est de respecter un silence le plus absolu pour mieux écouter les bruits de la forêt.
Écouter le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les arbres qui parfois nous amènent des odeurs qui nous renseignent sur ce que l’on risque de trouver. Le parfum des fleurs, mais aussi des odeurs fortes d’humus qui nous fait penser aux champignons. Parfois, aussi, l’odeur trahit l’approche d’une harde de sangliers qui véhicule toujours une très forte odeur de fauve.
-La forĂŞt tu dois la vivre avec tes yeux, avec ton nez et avec tes oreilles, autrement tu vas jamais rien comprendre, et tu vas toujours tout louper.
Des routes forestières partent des allées, de 2 à 3 mètres de large, et toujours herbeuses. C’est là que commence véritablement la forêt.
- Avant de rentrer dans ces allées mon gamin, il faut prendre l’habitude de regarder ou est le soleil, si tu rentres avec le soleil dans les yeux, pour ressortir de la forêt et retrouver la voiture sans te perdre, tu dois avoir le soleil dans le cul.
Si tu rentres avec le soleil sur ton côté gauche, pour ressortir tu dois avoir le soleil sur ton côté droit.
Il ne faut jamais croire les citadins qui disent qu’il faut regarder la hauteur de la mousse sur les arbres, qui soi-disant indique le Nord, c’est de la connerie.
La mousse pousse toujours sous l’effet d’un vent froid et humide qui circule toujours en forêt en suivant les vallonnements, ou qui est dirigé par des buissons, ou de grands arbres, qui forment de véritables barrages au vent. Le vent est alors obligé de se faufiler dans de véritables couloirs parfois très étroits. Ce qui fait qu’on trouve de la mousse haute sur les arbres tantôt au nord, tantôt à l’est ou à l’ouest ce qui ne peut en aucune façon donner une indication de direction et encore moins les points cardinaux.

Il n’y a que le soleil, et s’il n’y en a pas il faut regarder le ciel et chercher le point le plus lumineux. Le plus sur, c’est d’étudier les pentes du terrain, si tu rentres dans un bois qui monte, il faut en ressortir en descendant. C’est comme avec le soleil, il faut ressortit en faisant le contraire de ce que l'on a fait en entrant.
-Pour être certain de ne jamais se perdre, il faut finalement être attentif à toutes les données qui t’entourent, la nature te parle, alors il faut savoir l’écouter et savoir la lire c’est comme un livre en couleurs.
-En partant des allées, il y a souvent des cordons, ce sont des passages d’un mètre, un mètre cinquante de large, c’est ceux-là que je préfère.
- Il faut toujours marcher très doucement, ne jamais courir ou taper des pieds, si tu veux avoir la chance de rencontrer un animal.
Il faut marcher en recherchant les sols ou il y a de la verdure, ou la terre est sombre avec des traces d’humidité. Tu auras plus de chance de trouver des champignons, et tu feras beaucoup moins de bruit en marchant, car tes pas seront assourdis par la terre molle, ou par la mousse.
-Attention de ne pas marcher sur des petites branches mortes qui couvrent le sol, le moindre craquement fait fuir tous les animaux.
-si tu entends un petit bruit sec, arrêtes toi tout de suite et ne bouges plus. Dans la majorité des cas, ce n’est simplement qu’une brindille de bois mort qui craque. Si le bruit revient régulièrement, alors là c’est sûrement un chevreuil. Le chevreuil à l’habitude de marcher pas à pas, doucement, il avance d’un pas, il écoute et s’il n’entend rien il continue, un pas, il écoute, et ainsi de suite.
Si tu as de la chance, il peut venir vers toi, et là tu te régales, c’est magnifique de regarder cet animal devant toi immobile, quand il comprend ta présence, alors il se sauve en courant et c’est tout aussi joli à regarder.
-Si tu entends des craquements continus, qui se déplacent assez vite, là aussi il ne faut surtout plus bouger. C’est peut-être un sanglier, c’est tout aussi joli à regarder, ces animaux sont superbes quand ils sont libres dans une forêt.
- Si le même bruit continu est beaucoup plus fort, alors là il pourrait s’agir d’une harde. En étant très attentif, et si tu te trouves dans le vent tu peux même sentir une odeur très forte de suint, là c’est une certitude et tu dois absolument rester immobile, comme statufié, surtout il ne faut ne jamais courir ça attirerait les sangliers qui eux courent beaucoup plus vite que toi.
-Les sangliers sont des animaux peureux qu’il ne faut jamais surprendre, autrement ils se sentent menacés et là ils se défendent en attaquant. C’est encore pire lorsque dans la harde il y a des petites ce qui est généralement le cas. En restant immobile, ils ne font pas attention à toi, pour eux tu n’es pas une menace, et là tu te régales de pouvoir regarder, pendant quelques minutes, tous ces animaux qui défoncent le sol à la recherche des glands de chêne dont ils sont friands.
- Il ne faut pas oublier les champignons, là aussi il y a des règles simples pour celui qui réfléchit un peu.
-Les champignons poussent dans l’humidité, dans l’humus, alors pour trouver des champignons il ne faut pas les chercher sur des bosses de terre, mais plutôt dans des petites vallées où l’eau stagne et fait verdir la végétation. Regardes à gauche le sol est couvert de verdure là ça pourrait être bon, à droite il n’y a que de la terre sèche ce n’est pas la peine de se déplacer il n’y aura rien.
-Tu entends ces cris, c’est un geai le gendarme de la forêt que nous avons dérangé, et il n’est pas content, alors il prévient tout le monde que des étrangers viennent dans la forêt.
-Ces roucoulements derrière nous, ce sont des tourterelles qui se courtisent, comme toujours elles sont très amoureuses. Dans les forêts il y a toujours beaucoup d’oiseaux, c’est vraiment un plaisir de les écouter, mais pour ça il ne faut pas faire beaucoup de bruit, il ne faut pas déranger la nature si l’on veut la comprendre. Quand on se promène, comme ça tout doucement, et que brutalement on n’entend plus rien, plus aucun chant d’oiseau, là c’est une alerte qu’il ne faut pas négliger il se passe forcément quelque chose. Il faut être très attentif et surveiller le ciel, presque à chaque fois c’est un rapace qui chasse, toujours à la recherche des petites proies. Un rapace en plein vol c’est magnifique, et qu’elle belle leçon de liberté.

Le père Bibi a continué à m’expliquer, à me donner des exemples, comme ça toute la journée, même le midi en cassant la croûte, il était intarissable sur tout ce qui concernait la nature, et surtout la vie dans les bois. Je l’ai écouté, je buvais ses paroles, il avait un don extraordinaire pour m’intéresser et me faire aimer cette nature qui était toute sa vie. Je l’ai accompagné plusieurs fois, avec toujours de plus en plus de bonheur, car il m’en apprenait toujours plus.
Aujourd’hui, à chaque foi que je vais dans les bois, j’ai toujours une pensée pour mon bon vieux père Bibi qui m’a tout appris. Comme pour lui prouver que j’ai tout retenu de ses leçons, j’aime rentrer dans la forêt sans faire attention à rien et j’avance n’importe où jusqu’au moment ou je suis complètement perdu. Quel plaisir, j’ai de me trouver dans cette situation et de me retrouver après face à mon véhicule, et là je lui dis merci au père Bibi.

Son savoir je l’ai transmis à mes enfants qui ne perdent jamais une occasion d’aller se perdent eux aussi dans ce superbe paradis. J’espère qu’à leur tour eux aussi ils pourront raconter un jour...j'espère!

Écrit par Daniel LEFEBVRE
Tous droits réservés ©

12.05.2017


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Sybilla
Envoyé le :  1/2/2023 22:11
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95257
En ligne
Re: Le père Bibi
Bonsoir Daniel,

Quel merveilleux récit sur ce que t'a enseigné le père Bibi pour entrer dans une phase d'osmose parfaite avec la nature que tu as mis en pratique par la suite et enseigné à ton tour à tes enfants !

Merci pour ce très beau partage que j'ai adoré lire !



Belle soirée cher ami poète !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

lefebvre
Envoyé le :  2/2/2023 6:22
Plume de platine
Inscrit le: 31/5/2009
De: Aube (10)
Envois: 3849
Re: Le père Bibi

Bonjour Sybilla,

Je suis très heureux que mon petit récit t'ait transporté dans nos belles forêts.




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lefebvre
Envoyé le :  27/2/2023 9:54
Plume de platine
Inscrit le: 31/5/2009
De: Aube (10)
Envois: 3849
Re: Le père Bibi
Bonjour Shan

MERCI de venir te perdre avec moi (et avec le père Bibi) dans nos belles forêts.

Je te souhaite une belle semaine



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