Fallait-il qu’en ces lieux je parle de la sorte
Sans nulle retenue ?
Car je vois tant de gens s’agripper à ma porte
En petite tenue !
Pourquoi sont-ils venus ? M’ont-ils soudain cru riche
Avec plein de dollars ?
Pourtant je n’ai rien dit, car je suis bien trop chiche
Pour parler de mes liards !
Ô divine assemblée au talent qu’on dit sage
Sonne le ralliement !
Il est temps que la foule apprenne ce message
« Honni soit qui nous ment ! »
Je vais panser les maux causés par ma parole
Qui s’est, lasse, envolée ;
Car celui qui pavoise avec sa casserole,
N’a point de mausolée !
Sauvez donc votre chef de cette cicatrice
Qui laisse du regret,
Et soyez, sans chiner, de foi divinatrice
Pour aller sans fleuret !
Je confesse à l’encan que j’ai fait trop de vagues,
Hélas sans réfléchir,
Et comprends, à l’instant, que l’on prenne pour blagues
Ce qu’il faut infléchir.
Demain je reviendrai d’humeur bien plus amène
Sans cesser de brosser.
On ne met pas en vente un char sans sa carène
S’il faut le carrosser.
N’allez pas, cependant, dire à toute la Terre
Que je suis saugrenu,
Car dauber un naïf de penchant terre-à -terre
Serait fort malvenu !