Sois sérieux sans te prendre au sérieux...
Je vois très bien qu’en me lisant
De vos beaux yeux coulent des larmes,
Et mon allant en s’enlisant
Creuse son trou avec ses armes.
Mon rire fade et sans éclat
Ne casse plus le moindre verre,
Et pas besoin d’un bon prélat
Pour me bénir sur cette terre.
Allez, allez sans pardonner
A mon désir de vous distraire.
Pourquoi vouloir toujours donner
De ce bon lait qu’on vient de traire ?
Chaque péquin a son destin
Le mien est de perdre la belle
Tout en croyant qu’un beau matin
Je ne verrai plus de rebelle.
Mais dites-moi, quand vient la nuit
Parcourez-vous le couloir sombre
Où le fantôme après minuit
Se prend les pieds avec son ombre ?
Si c’est le cas broyez le noir
Qui vient troubler votre jeunesse
Puis revêtez un blanc peignoir
Pour démontrer plus de finesse.
Je sais les gars : je vais lasser
A vous causer de cette sorte
Et qu’à force de coasser
Je fais valoir ma piètre escorte.
On ne rit pas par pur décret
Car qui rit jaune est bien à plaindre.
Et si je dis ce bon secret
C’est qu’il vous faut de moi tout craindre.
Bon ! Tout va bien ! je vous le bout
Car le tunnel m’ouvre sa porte.
Je vais aller, tout droit, debout
Tant que l’aurore a sa cohorte.
Salut à vous ! M’avoir ouï
M’a redonné de la fortune.
De plus le Fisc, c’est inouï,
Ne me prendra pas une tune.