Pas..sage...au crible.....
Vous voudriez bien tout savoir,
Où je suis né, dans quel Pays.
Car vous voulez mieux percevoir
Qui parle ainsi de son Quercy.
Hé bien, jadis, c’est Outre Mer
Que je lançai mon premier cri.
Mais j’en partis, assez amer,
Car délogé et bien meurtri.
Or ce bobo cicatrisé
Entretient, las, la souvenance.
Et ce passé mal maîtrisé
Me laisse coi sans soutenance.
Alors souffrez que ce motus
Soit le décret de ma préface
Et qu’en tel cas aucun focus
Ne trouble enfin ma quiète face.
Résumons-nous ! je suis d’ailleurs
Mais pour pays j’ai bien la France !
Et si jamais des rimailleurs
Trouvaient en moi quelque souffrance
C’est qu’ils auraient dans l’eau-de-vie
Vu quelque ersatz d’eau de jouvence
Et que cédant trop à l’envie
Ils auraient bu pour connivence.
Or un beau soir j’ai cru vous voir
Vous moquer tous de ma formule
Voyant mes vers d’aucun pouvoir,
Chercher partout la bonne émule.
Je me souviens de cet instant
Où je morflais d’un air fort triste
Sans plus savoir, las, pour autant
Qui d’entre vous était lampiste.
Un ange dit gardien du port
Me dit tout bas, juste à l’oreille :
« Ne t’en fais pas pour ce transport
Il n’est de croix qui soit pareille.
Porte la tienne et va plus loin
Monte la pente et reste amène
Il n’y a pas dans chaque coin
Un bataillon qui la ramène. »
Me rappelant les bons avis
D’un homme vieux, plein de sagesse
Je partis donc sans préavis
Voir un Sénat plus en largesse.
Et c’est ainsi qu’on m’encensa
Pour avoir su de pleine grâce
Baiser celui qui s’avança
Pour me montrer ma juste place.
Et depuis lors j’envoie des plis
Pour exalter tout votre Monde,
Quand le Sénat aux jours emplis
Confirme bien ma mine ronde.
C’est ce qu’on dit avec respect
Des gens penauds qui ont des formes
Que l’on fête pour leur aspect
Parce qu’ils sont toujours hors normes.