Si c’est mon dernier vers, ma dernière chimère
Au milieu du néant, apathie solidaire,
Je ne peux m’empêcher de penser : à quoi bon
Graver ma poésie sur un simple torchon.
Si l’heure est à l’oseille, aux discours bienpensants,
Qu’il n’y a plus d’amour ailleurs que dans mon sang,
En moi coule un combat déjà perdu d’avance.
C’était beau, j’y ai cru… Au fond quelle importance ?
Si le lecteur s’en fout, si je suis le suivant
A brader la beauté au profit du beau temps,
Que dans cette Ă©claircie, puissiez-vous regretter
L’époque où le brouillard embrumait le papier.
Si je fuis désormais le grand communicant,
Que je préfère écrire à ceux de l’autre camp,
Capables d’un regard, faire la différence
Entre la belle rime et une consonance.
Si ce n’est qu’un adieu que l’on ne lira pas,
Quitte à n’être personne autant garder pour moi
Ce que j’ai dans le coeur… La balade était belle
Même si c’est sans vous que j’ai vu l’essentiel.
Si je m’arrête ici, une goutte de moins
Dans ce vaste océan où l’encre ne vaut rien;
Me voici d’un seul vers tirer ma révérence :
Je serai toujours là , ce malgré mon absence.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.