"Oui, mais d'où étions-nous partis pour convoquer cette tripartition du temps ?
- De la tripartition du destin, justement, à se rendre à la tripartialité de l'espace !
- Et même que tu disais de mon destin que je savais en recouper les plans pour mieux en combler les espaces ! Mais c'est une métaphore de génie !
- C'est dire qu'il fallait une âme immortelle pour arriver à ce genre de délibération...
- Je ne parlerais pas de délibération mais de pure réalisation et je dirais qu'il n'y a pas autant âme qui vive dans ce corps frustré de talents !
- C'est dire que sans mon regard tu n'aurais pas cru en mon immortalité !
- Et c'est dire que sans ton regard je n'aurais pas la bonne vision du temps !
- Et c'est dire que sans cette ultime vision je ne pourrais même pas avoir mon propre regard sur ce qui me reste à valider de mon temps !
- Pourquoi ? Tu vas te suicider ?
- Impossible ! Même avec la plus fulgurante des intentions, je ne pourrais même pas en avoir le plus insoutenable instinct...
- Alors quoi donc ?
- Je vais faire en sorte de partir d'où je suis revenu !
- Et comment ça ?
- Tu ne te rappelles pas au début de notre discussion que j'ai parlé d'ablutions chamaniques et que tu m'as demandé si je faisais de la méditation ?
- Et alors ?
- Eh, bien ! La voilà la solution !
- Et comment vas-tu faire ?
- Eh, bien ! Je vais invoquer la mort pour qu'elle vienne me balayer de sa faux !
- Et après ?
- Peut-être que j'y verrais aussi clair que maintenant comme je n'ai pas plus de recul qu'un mortel ?
- Ah ! Parce que tu n'as pas senti de transformation ?
- Non, juste un blackout, comme à chacun de mes comas !
- Peut-être que c'est ta cause qui t'a amené à tous ces comas ?
- Je ne sais pas mais une chose est certaine est que ma véritable cause est la mort comme je t'ai légué la nouvelle théorie sur l'éternel retour du même et qui est l'exemple même de la vie pour moi.
- Moi, ce que je vois, c'est un homme plein d'humilité et que ton immortalité est un véritable don que je n'oublierais jamais !
- Oui, mais d'autres après toi m'oublieront !
- Alors adieu, Mickaël !
- Adieu, Edgard !"
Le soir-même Mickaël fit ses ablutions chamaniques pour implorer la mort de venir le chercher pour la bonne et unique fois, cette-fois-ci. Or comme il n'y a pas plus mystérieux que la mort, elle lui dit sans ambages : "Si tu as été un privilégié et que tu ne veux plus l'être, c'est que tu as trop vécu de stigmates pour supporter ton immortalité. Mais tu sais tout autant que moi que tu méritais mieux qu'une mort prématurée et, d'ailleurs, c'est ce qui t'a permis d'aller dans les profondeurs de la connaissance et d'ainsi faire de cette ultime échéance la plus belle manière de t'élever dans ce que tu as bouleversé dans le monde avec ta nouvelle théorie de l'éternel retour du même. Maintenant je ne vais plus cacher cette faux qui t'a tant fait défaut pour ne plus être que celui de la vérité qu'on ne pourra plus jamais profaner !"
Et Dieu seul sait ce que Mickaël a compris pour que la faux s'en acquitte pour que plus rien ne lui fasse à nouveau défaut.
----------------
La poésie n'a d'autre perspective que d'ouvrir l'imagerie mentale qui est la porte de l'imaginaire.
(citation personnelle)