Qu’ils se taisent enfin! Une pause (de trop?)
Vient remplir de néant l’intérieur de mes mots
Pour laisser aux crayons bien plus volumineux
De quoi voler ces vers au fronton de mes yeux.
Parler pour ne rien dire et dire à qui voudra
Relire encore un peu ce qui ne s’écrit pas;
Voilà la clef, bien sûr, pour entrer dans la sphère
Privée de la censure, innocentes chimères.
Ces chaises musicales au refrain d’aliéné
Déclassent mon talent comme si ces couplets
Ne valaient que pour moi… À côté de mes rimes,
Le silence a l’honneur d’entacher le sublime.
Et je sens déjà là se pointer la sortie;
Muet comme la mort, le génie me suffit.
C’est un peu de ma faute… Et que l’art soit témoin :
J’écrirais mieux que ça si j’en avais besoin.
Qu’ils se taisent alors! A mon cou pour pleurer,
Se ranime, un à un, mon recueil tout entier;
Fière ou presque debout, méconnue de l’Histoire,
Ma plume accostera lorsqu’il sera trop tard.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.