_Triptyque_







Les mains de ciel

devant l'une des baies vitrées
au long d'un muret de grise pierre
de grands galets colorés de craie bleue
reposent

une enfant s'échappe
de l'enlacement maternel
et se précipite

au milieu d'eux bondissante
elle les soulève de ses deux mains
les fait retomber
laissant entendre un son
qui tempère les discussions oiseuses
et espace les sanglots

l'enfant radiée de cris argentins
tend l'un de ses bras
vers l'entrée de l'hôpital
et de l'autre invite sa mère à s'approcher

une maisonnette en bois clair
élève sa candeur sur une table
sa porte ajourée et entrebâillée
lentement l'enfant l'ouvre toute grande
et trois étages la fascinent
où sont disposés un peu en retrait
des poissons
des coquillages
des astéries
d'une blancheur éclatante
parcourue par intermittences
de safrans et de roseurs

l'enfant s'est agenouillée
pour les prendre tour à tour dans ses mains
et communiquer à chacun d'eux
la nuance bleu ciel

aussi les corps si légers tremblent
comme si le voyage de retour
vers l'océan
imminait

alors d'un pas vacillatoire
la mère les rejoint
et supplie son enfant
de la serrer contre elle

les mains dénouent
le foulard blanc
qui sinue dans la brise
effleurent la gorge de lys
les joues pâles
les paupières de vélin
elles essuient prodigalement les larmes
métamorphosent le bistre des cernes

et le visage azuréen
se tourne enfin vers les infirmières
à l'instant où la jeune femme a compris
que semblablement aux animaux marins
délivrés par sa fille
elle n'a plus peur désormais
de sa propre traversée hauturière







Bifurcation

d'une arrivée
le heurt

s'en seront freints
le mot orangé
et le mot bleu enseigne

sur le déliement enchérit
un instant de lettres si franches

ferments du secret bicolore

suspension de l'alphabet trésableur

ciel ou matin
lendemain ou béton
se poser balance...

quand le départ à ce point 
désencombre

en quel repli de la géodésie
composer le risque
du rebelle déchiffreur ?







Transmissions

des éclats de soleil
ont rapiécé les voilages

quelques minutes de pupilles
les taillent en flammes

lorsqu'éperdues de formes tremblées
il n'y a plus qu'un tenace scrupule
pour les garder de la disparition
une ancille surgit

de table en table
récurremment avec un geste de gaze
ses mains ignées
allument de longs cylindres

versicolores ainsi que jadis midi
devenait un soir

l'aurore
un minuit de cyan

le chloroderme du retard
un tressaillement qui se dore
et qui s'enfraise




Tradescantia

Bonjour Tradescantia,

Entre l'ombre et la lumière, des couleurs prennent vie en tes magnifiques poésies surréalistes en teintes ocrées et bleutées !



Belle journée cher ami poète !
Toutes mes amitiés
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

Bonjour,


Oui, c'est vrai, les mains juvéniles couleur d'azur, les jeunes mains bleu de ciel, sont très favorablement contagieuses, il faut savoir s'y abandonner ! ...

Pour vos regards, vos visites, pour vos lectures, pour les mots évoquant vos sentiments, Gratitude grande ! ...


Tradescantia

Bonjour Maria-m,


... Oh ! laisser l'ineffable cadeau de votre texte dialoguer avec le poème, de toute l'émotion de ma Gratitude ! ... Car un poème n'est point achevé par son auteur, car un poème continue de croître et de s'épanouir dans sa réception sensible et sincère...

La journée vous soit enluminures d'automne ! ...


Tradescantia