J’aime le voir courir et rattraper son ombre,
Pleurnicher au grand jour, rire quand il fait sombre;
Dans le doute, ou certain d’être grain de poussière
Au milieu de son autre assorti comme un frère.
J’aime quand il me parle, importune ma route,
Bavardage orphelin ou qu’il soit à l’écoute;
De l’oreille au serment, devant moi, bien vivant,
Je nous sens mélanger tout ce que l’on ressent.
J’aime tant le toucher, le serrer dans mes bras!
L’impression d’exister… d’être un autre que moi
En dehors de mon crâne, où de son point de vue,
« Je » ressembles à ce « tu » qui n’est plus inconnu.
J’aime aussi le surprendre au moment d’espérer
Prendre en moi ce que lui a du mal à donner:
« Ce n’est pas de ta faute, ô très cher compagnon,
Tu n’es pas imparfait… je ne suis pas un con. »
J’aime parfois l’écrire, entre deux feuilles blanches
Au cœur de la manœuvre, en pantoufle un dimanche
Respirant simplement, avalant le même air
Que celui fredonné au labeur de mes vers.
J’aime sa politesse au premier non merci,
Ses non-dits, sa tendresse et sa sauvagerie;
Bien capable de tout, la morale incertaine,
Défenseur de la joie (et parfois de la peine…)
J’aime son idéal saupoudré d’utopie;
Lorsque l’autre vacille, il se pose en ami
Où le poing conquérant, au-dessus de la tête
S’élève pour lutter ce malgré la défaite .
J’aime alors ce combat, son envie d’être lÃ
-Un peu trop par moment- l’unique moi moi moi !
C’est donc au singulier que je mets en avant
Depuis quelques quatrains, non pas Les… mais Le gens.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.