J’aime le froid qui gèle un à un les sapins,
Car leur sève glacée apporte à mon poème,
Des cristaux blancs givrés que l’hiver lui, il sème,
Pour tous les récoltés loin des sommets alpins.
Et que vienne la pluie et ses larmes amères,
Que les anges pour moi m’offrent comme un cadeau.
La grisaille n’est pas pour mes yeux ce fardeau,
Dessinant dans le ciel des affreuses chimères.
Mais j’y vois du coton adouci pour panser,
Tous les coups du soleil qui ont brûlé mon âme,
Ne pouvant pas guérir dans cet étouffant drame,
Que peut jouer l’été sans jamais nuancer.
Même l’automne est tiède… il hésite sans cesse,
Entre un soleil doré qui ravit l’écureuil,
Et un autre bleuté ravivant le cercueil,
Dont j’en vois un morceau derrière ma tristesse.
Le vers est plus tranchant aiguisé par l’enfer
Inventé par l’hiver sous le froid de la pluie.
Il s’écrit beaucoup mieux à l’encre de la suie,
Qu’à celle d’un ciel bleu qu’exècre Lucifer.
Le gris d’un ciel chargé est plus beau que le rose,
D’un soleil qui se couche… Il devient le miroir,
De la mélancolie, essentielle chauffoir
Pour mon esprit transi par l’hiver qui explose.
Jib