Je suis la muse et le poète, un tatouage éjaculant,
Un corps trouvé sans queue ni tête, un noir et blanc taché de sang
Qui couche sur mon avant-bras, comme on accouche de l’enfant;
Un mois de mai, est-ce bien moi ce beau garçon? Évidemment…
Le souffle au vent qui farandole et qui se pose sur la joue,
Des mots en l’air, ces lettres folles au gré d’un vers qui me rend fou,
D’un verre entier, à moitié triste à moitié gai (selon les goûts);
Comme on le sait, ce qui existe a le ressort d’être partout.
Et dans ses yeux, comme en les miens, j’entends parfois aller vos cris;
Je ne sais pas qui me retient d’aller bouffer votre appétit…
Peut-être un bout de faim comblé s’amadouant « C’est mieux ainsi »
Qu’il serait vain d’en rajouter… La vie est belle vue d’ici.
A d’autres fois, peut-être enfin, loin des quatrains -pourquoi, comment-
A ressentir, soir et matin, ce que l’amour a d’évident,
Il plonge tête la première et je me noie physiquement
Dans les entrailles de la terre en savourant chaque moment.
Voici donc l’encre aux deux visages avec sa plume d’ouvrier,
Confectionneur de paysages, à l’intérieur de ses portraits,
Représentés là sur ma peau, insignifiants comme un trophée.
Je vous avoue le trouver beau mais est-ce à moi d’en décider?
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.