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     Une hématoktophanie...
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Expéditeur Conversation
Tradescantia
Envoyé le :  22/5/2022 7:03
Plume d'or
Inscrit le: 13/7/2021
De: Zhoushan Xiaosha
Envois: 658
Une hématoktophanie...
... qu'escortent deux poèmes affins, et que tendent à prolonger l'Hexagone, les Variations pour le mot hélénie, ainsi que le Cube anomal









Une hématoktophanie qu'escortent deux poèmes affins



_ Escorte Une _


S'éteindre

embué délai
à la fraîcheur vitrée du couchant
l'orangé le soufre le rose
languide noblesse de l'évanouissement
d'écho en écho
le bleu vaste
vers le sombre
et le tressaut qui s'étoile
et jaillissements
veinures noires
l'arborescence hiémale du fruitier
à en irriguer l'apparaissante nuit
les luminaires
échouent
s'esquivent dans le geste malingre
par lequel s'épanchent les rideaux

ainsi quelques pas
trajectoire de l'aigu
afin que se safrane la lampe
planète du sang brûleur
météore de la déprise
les ailes de l'oiseau fier
qui la domine en l'ornant
se ferment d'ombres

et de paupières
le regard
qui oeillade son dernier ciel



>



Un ciel-éventail s'est originé dans la cache du chrysogriffe

l'heur pérenne des angoreux tamis

unicolore vagues et grand-voile

quel reflet du si rompant cadre laissé au miroir

ou de la délébile silhouette filigranant ce qui s'étarque

à travers le mur de mondes nués de gondolages glissera ?



>>



En compromission de thalamèdre le miroir

que la sparterie proclame de ses ajours

déconfits corollaires dans les arcescences du jaillir

la dérose-thé de ses sondes déleurre de la cloison

en gibiers de soupirs il dilacère

en proies buées l'ortolan de l'image



>>>



Sourd le crucimurmure du quatuor

pour traduire en carreaux le foret de l'angle

mais recueillir a devancé l'évidence

et dans les celeuses enfants trempe ses sépultures

la moire à métaphores éconduit l'album des profonds

tant qu'hébète le poudreux armillaire qu'infranchit l'acajou



>>>>



Les arcures que beige le dévêtissement

avec leurs mues ombreuses mécitées par l'outrance

amarrent à la cloison le triplement du losange

quand sur le cyanothéâtre qu'épiphanent les rideaux

les envers d'une foudre bourrasquent

pour partir de millifusain la litanie des pictogrammes



>>>>>



D'un carré de poli l'abat-jour intimé chapiteau

belluaires des réfléchissements magmatiques

amphiboles se meuvent les angles

de leurs suppliques pour le losange en vêpre

de leurs soupirs après le quadrige de dards

à l'ingénu pictostellaire les ramène le chevet



>>>>>>



Ce filigrane du visage que vont désensorcelant

les lustrales d'une eau qui s'émancipe

sa confusion d'albuginée et de galactique audace

par l'impensable chiquenaude s'évanouit la perle d'hématie

à même le diaphane aliforme du savon

un cheveu délinéamente la veinure des loufoques ophidies



>>>>>>>



Fissiles carreaux à leur escamoteur propices

et l'impéritie pour lors des veines préhensiles

mais aux confins enfeuillis du flexueux un rameau

étoile de sa fleur le secret d'ouvrir

et derrière la candide poignée qu'effleure le rose

les âcres cueillaisons ont aveuglé dehors



>>>>>>>>



Aboli ce transparaître l'émoi des plis roule des serpentes

adolescence des voilages défoliant

sauts comme essors s'éploient

nettes coupes de brassées hémi-moqueuses de la chute

et l'échappée tératophane nimbe ses frondaisons

des palinodies d'un ponant brésiclair



_ Escorte Deux _


Pulsion du passage


nocturnes incandescences
des poignées

feu de fleurs serpentines

ne va plus à la rencontre des lampes
le geste qui d'un sang miracle et radiant
éteint l'amoncellement des espaces


À travers les tissus
paraît un néphélion d'argent et de lait

et vont s'illuminant les nuances
décombre fabuleux
des prismes du sommeil

turquoise de l'arcade confidente
jaune des poudres de tiare
orangé lévitant
indigo du trémail d'étincelles
rose en murmure
qui ne composent pas d'aurores
beaucoup au-delà des tracés d'oiseaux

les vieux métaux des ouvertures
ont flué tous
rus de photons mutilateurs de fenêtres
et de portes

épiphanie des diaphanes d'ailes
et de paupières
où palpitent des ciels
inconnus des cycles
et de leurs bréviaires









Hexagone



Lente avec la proie sélène diagonalait une louve
l'incandescence qui la revêtait jusqu'à l'haleine calme
passait le navrant dévorement
seule l'invention de la nuit eût signifié l'échancrure



La paille et le soufré qui illimitaient l'enfant
partagent de leur inéteinte ligne le volet
de brun en sang et de sang en incarnat se retisse l'écart
et le passage des ans est persuadé par l'escapade



Bien que dans les bleus et les verts concomitants
se noie par degré la transparence
coaliseur en retranche l'oculaire cause
le bain d'un luminaire parmi les hippocampes



Pour fins de vasques se sont perpétrés les angles
persiflé l'almanach jaillissent leurs floralies
et même si la sentence muette corrobore l'entrelacs
les pétales énumèrent la diaphanité des pardons



Les céladons des vergers acquis à la taisance
colonnaire y radie l'alchanne des phonèmes
le clair de filet immanent à l'oracle
ne passe pas le préambule que diapre l'ineffable



À déruiner le remuement des merlons
impuissant malgré tout un ciel
un chevaleresque vent s'exile au losange
et meurt à l'éploiement du pavillon châtelé









Variations pour le mot hélénie


*


Pour un reflet de l'asthénie
Un briquet délaissé du feu
Va s'empoussiérant tout au fond
D'un vermeil qui forme ce voeu :
" S'effeuille sur nous l'hélénie ! "


*


Ces limbes, après les intermittences de la harpe, après la blancheur éclatante et les ors du cercueil qui s'en allait par une après-midi de février confondant lignes et nuances dans l'irréelle lenteur neigeant, cette absence s'est muée d'abord en rêve insistant, avec la fixité d'un visage de platine qui tenait du sphinx et du séraphin ; en poème évocatoire ensuite, avec la vaine supplique pour qu'il soit reçu comme je t'ai perçue. Jusqu'à atteindre enfin à toute cette nuit de vagabondage, d'équidistance, et de constellations lacunaires, ou recomposées, exaltant par degrés un désir de jardin sauvage où nos hélénies se surprennent à soleiller.


*


Imagines novae

1

L'unique continent de l'exoplanète ressemblait à une vivace ignescente. Promis aux sangs de l'ontogenèse des tranquillités futures, prenaient patience les pétales rubis. Les ors qui s'étaient agrégés en un foyer cordiforme rayonnaient de délinéaments infatigables à l'épiphanie du premier navire espéré par les tesselles circonvoisines des moires marinières. Bien sûr, chaque uranolithe qui s'approchait, dardé par l'infini du bouquet, allait représentant la main de cueillaison, avant qu'il soit pulvérisé, et qu'il retombe, ubiquiste lenteur des chances de pollen et de mica.

2

S'effeuillant, telle la danse plurielle d'une sylphide, trophée des leucémies, à travers le cristal du château, une hélénie. Certains pétales réinventent l'effleurement afin de murmurer l'incandescence aux ossements des princes immémorés.

3

Pendant un bain désheuré, une infime verticale de lumière éblouissante entrebâillait les voilages. Tout en rendant sensible son extension entre les carrellements, les vapeurs qui montaient de la corporelle indolence et de l'eau smaragdine, allaient, célères, de métamorphose en métamorphose, se dissipant. Cependant qu'à travers elles, prenait le temps de passer, avec une lenteur déréelle, une jeune bouquetière dont le jais du regard et de l'échevellement contrastait avec l'aurore des mains riches d'hélénies épanouissant les flambeaux qui orangent et qui rosent l'essentielle portion où arriver.

4

Lilial galopement, le désespoir des licornes se ruait dans la fournaise des hélénies dont les exponentiels faisceaux aux mains des enfants édénisés allaient déjà consumant les vieux florilèges du merveilleux.


*


Quatrain des prémices de la guerre de Troie

Lorsqu'un pied dans la mer Ménélas regardait
En ce soir ravisseur flamber les hélénies,
Derrière lui, son frère, exalté, décidait
De souffler Ilion, torchère d'avanies.


*


Ces hélénies en dyade, qui gisaient entre la chaussée et le trottoir, épétalées par le continu des vitesses et des foulements, elle les avait recueillies, puis reconstituées, comme elle reconnaissait dans leur arrachement l'exilée qu'elle était elle-même. Sur l'eau qui remplissait aux trois quarts deux coupelles de baccarat, leurs corolles avaient recouvré l'épanouissement. Les étoiles qu'elles évoquaient désormais, l'une jaune soleil avec un coeur d'orange, la seconde rouge rubis avec un coeur en or, détenaient le secret de brûler les transparences. C'est ainsi qu'un jardin se dévoila par degrés. Les cendres pastel de l'adieu et de l'absence revendiquaient toutes ses fleurs ; chaque sortie s'avérait une chimère qui jetait dans une allée insoupçonnée, chaque sensation de limite ou d'orée ouvrait sur une aire plus orphique, et la lumière toujours changeante d'une aube étrennée se confondait avec le passage d'un effluve à un autre.


*


Les flamboyantes hélénies
Aux coeurs de miel radiés d'érubescences
S'organisent en cercle au bout de la terrasse.
L'instrumentiste las que son contrat pourchasse
Vient renoncer sur ces incandescences
L'âme en bois de ses euphonies.


*









Cube anomal





Iconoclastie

Après l'éternité de soufflance
qu'aura mâtinée la nuitée
les brisures sympathisent
tout le long de la lisière

la métaphore enfin doute
que prévalussent ses diamants hydriques
et la seule gemme à paraître
cristallise leur déshérence étincelée

c'est aussi sans plus larmer en mirances
sans plus opiniâtrer la gorge perlière
qu'au bout d'une ramille une tarasque prosterne
sur cette fondrière ses linéaments
qu'aucune désaltération de licorne n'effangera





Les nitescences de l'éveil


D'un angle si profond
le faisceau mimétique
affranchi des albescences
qui iront en délinéant une lucarne
a convié au soliflore


De toute son ardeur
acaule la fleur

drisse la nouvelle hématie





Le peintre vain


Dans une cendre passée se pluralise
par du blanc traitillé
l'effilage
et l'aigu
qu'appréhende d'onder le coussin


Sa retouche fuyante
abrie kakis et alkékenges

mais parmi le grènetis pluvial
une lucarne de crépuscule
réinvente la complicité qui épanche





L'impossible jardin


À l'ondante tête du lit
parmi le plurimiel veineux de son bois
autrefois un choc a creusé

les verts de la cloison qui composent
qui lancinent un vaste vol de fleurs
y adressent leurs tiges


Le secret de la racine
où se sont réunis les rêves
apprécie sa distance adamantine


Pour séparer la lumière
de ses moindreurs
l'abat-jour à travers la verticale espéreuse
arque le long stigmate du fauchement





Outregare


Le rose des passe-marques
est réuni en losange

Qui colora
le cerf-volant le démasque
ondoyante altitude
malgré l'aplomb de l'humain schématique


Le renvoi a trouvé les yeux
qu'un doute de parque effrange

les lettres qui signifièrent un village
renouent avec le possible de craie

vols et lueurs traversent
le naïf de baptiser

le rectangle qui appendait son bleu roi
à la concession vague
triomphe et de l'effacement
et de l'attente





Pluvial


Pour que vacille le comble
l'imprécision pétille

ce sera une contente chrysalide
nuant d'ocelles la fleur des limbes
cette albescence du quadrangle

l'imperfectif brise
comme seul un acquis aubain doute
qu'aux fins et aux commençailles
il soustraie


Hors le paramètre
un éclat
dévoue son brésil secret
à l'adhérente imagerie

et l'esquisse daigne flamber
qui eût encore une fois levé le corps




Tradescantia



 
encrenoire
Envoyé le :  22/5/2022 7:41
Plume de platine
Inscrit le: 11/6/2013
De: Nord
Envois: 2868
Re: Une hématoktophanie...
euh.... là c'est ma matinée...

je cherche une définition de cette exercice :-)

et je ne trouve pas...

impressionnant en tout cas...

Sphyria
Envoyé le :  22/5/2022 8:13
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 25/4/2021
De: France
Envois: 27090
Re: Une hématoktophanie...
Un écrit aussi original et innovant que le titre !
Belle recherche et jolies trouvailles poétiques, j'ai aimé te lire !
NoireLune
Envoyé le :  22/5/2022 8:50
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/11/2011
De: Où le rêve rit...
Envois: 31974
Re: Une hématoktophanie...


Bonjour à vous...Tradescantia
L'usage parcimonieux de mots rares donne à votre poésie une mystérieuse densité...
Il n'est pas absolu de tout lire pour être ravi...

Très amicalement...



----------------
La Poésie ça sert à faire du bien...
ça dénoue le négatif...
et ça devrait être remboursé par la sécurité sociale...

Palmier
Envoyé le :  22/5/2022 9:05
Plume de platine
Inscrit le: 12/12/2005
De: Cévennes (France)
Envois: 2667
Re: Une hématoktophanie...
Quel boulot ! Bravo ! Je suis trop asséché pour plus commenter !


----------------
Avec mes amitiés

Alain

Pour voir mon site : Mes vers à moi

""A la cour, mon cher fils, l'art le plus nécessaire
N'est pas de bien parler, mais de savoir se taire !""
(Voltaire)

ZAGHBENIFE
Envoyé le :  22/5/2022 10:01
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/11/2015
De: ALGER
Envois: 33421
Re: Une hématoktophanie...
je n'ai pu aller plus loin dans ma lecture (asséchement des yeux face à l'écran) mais je pense que c'est un exercice qui demande de la patience et de la recherche des mots


----------------
https://www.edilivre.com/peregrinations-29f53ef39f.html/

Sybilla
Envoyé le :  22/5/2022 11:04
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95048
Re: Une hématoktophanie...
Bonjour Tradescantia,

Je m'y suis reprise à plusieurs lectures afin de plonger dans ton univers particulier où des références mythologiques sont présentes... entre autres !

C'est absolument fantastique où tu nous fais plonger en tes superbes images !



Belle journée cher ami poète!
Toutes mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

islander
Envoyé le :  22/5/2022 13:56
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 11/4/2009
De: Baltimore, Bretagne
Envois: 57629
Re: Une hématoktophanie...
c'est beau, planant, mystérieux, ça se lit comme de "l'or liquide", il y a des mots , des facéties peut être, je cite l'alchanne, serait ce l'alcane ???? je lis relis, je découvre toujours cette poésie comme une "aventure" de la langue et de la sensibilité, merci, encore de ce "petit bijou",


yann




Tradescantia
Envoyé le :  23/5/2022 6:34
Plume d'or
Inscrit le: 13/7/2021
De: Zhoushan Xiaosha
Envois: 658
Re: Une hématoktophanie...
Bonjour...


... cette grâce de la bonne nouvelle de vos lectures, des impressions, des sentiments qu'elles vous auront inspirés...

... cette aurorale aubaine de ces mots-là : 'mythologie', 'recherche', 'mystère', 'or liquide', 'aventure de la langue et de la sensibilité'...

... L'hélénie est le symbole de l'un des mythes fondateurs de notre civilisation : la Guerre de Troie, à la suite de l'enlèvement d'Hélène par Pâris... On raconte qu'elle portait sur elle une fleur flamboyante dont l'éclat n'en finissait plus de s'éloigner sur l'immense plaine liquide qui l'emportait loin de sa patrie... elle lui a donné son nom... Symbole du voyage décisif et passionnel... Symbole de l'arrachement... Symbole de l'éloignement des vieux contrats... Symbole de la vaillance voguant vers l'inconnu, vers le nouveau...


... Tout à la fois en manière de Gratitude et en manière de retour à vos ressentis au sujet de ce recueil, je propose...


Troubadour

Écrirait-il aujourd'hui, ou n'écrirait-il pas ? Il ne pouvait en décider à l'avance. Et ce n'était nullement lié à la méandreuse condition d'être inspiré, ou de ne pas l'être. La réponse, passant inéluctablement par l'heur de la découverte, impliquait à la vérité une question plus méticuleuse : ferait-il la trouvaille du papier propice, ou ne la ferait-il pas ? Il quittait sa mansarde au moment où la lucarne dégorgeait potron-minet. Il parcourait la ville, scrutant le sol d'un regard fée, jusque dans la moindre venelle interlope, à la recherche d'un papier. Un papier recru d'abandon. Un papier orphelin d'égard et de rêve. Il avait rebaptisé le dédale des rues "l'orphelinat des papiers". Peu lui importaient les dimensions, la virginité, ou le degré de l'abîmement, et même il préférait le papier qui présentait déjà, comme une amorce ou comme un engagement, quelques griffonnages bleus, ou noirs, ou rouges. Mais par-dessus tout il chérissait le papier qui était la résultante des pluies, celui que la poussière ensablait à demi, le papier que des maculatures avaient arabesqué ou silhouetté de manière indélébile, celui qui avait été conculqué un nombre incalculable de fois, si bien qu'il finissait par être marqué comme du braille, ou perforé comme ces bandes par le défilement desquelles un limonaire manivelle la musique. Il le recueillait, le faisait sécher ; il le dépliait, l'époudrait, détaché de tout souci de perfection, mais afin qu'il devienne un accueillant support. Pas une seconde ne lui traversait l'esprit de catégoriser en poème ce qu'il écrivait alors sur le papier réceptif, c'était un joli petit quelque chose fait avec des mots, un petit bijou, ou bibelot, de vocables, qui n'aurait peut-être pas même de destinataire, qui s'imaginait saisir un instant de pellicule urbaine, comme cette très vieille femme tout en noir, courbée, si courbée sur un porte-documents qu'elle serrait contre elle, et de telle façon que sa couleur rose formait un parfait triangle isocèle suppléant la tête évanouie. Un jour, au beau milieu des douze coups d'un midi de pluie, sa complexion s'effondra. Une secrétaire de direction qui surgissait du bureau aérien où elle avait travaillé toute la matinée, fut si surprise par l'insolite du tableau que tous les papiers dont ses bras de cuir amarante étaient chargés s'envolèrent dans une véritable explosion. Le longiligne zigzag de la dépouille et la grimace de la mort furent délicatement linceulés par les rapports et les diagrammes retombant en cadavres exquis et en versicolores collages.



Tradescantia
Tradescantia
Envoyé le :  24/5/2022 4:24
Plume d'or
Inscrit le: 13/7/2021
De: Zhoushan Xiaosha
Envois: 658
Re: Une hématoktophanie...
Bonjour Yann,


La sensible réception que vous faites du recueil évoque un mot rare.

J'ai à coeur de préciser que ce mot, alchanne ou alchane, qui apparaît dans 'Hexagone', désigne une herbe aux feuilles rouges qui croît surtout en Orient...

Dans le texte, aux verts pâles se taisant, succède un vouloir de voix rouge... mais cette 'aventure de la langue et de la sensibilité', comme vous l'écrivez si heureusement, m'invite à ne point en dire davantage...

Cette Gratitude...

La journée vous soit haute en couleurs ! ...


Tradescantia


Hubix-Jeee
Envoyé le :  26/5/2022 10:37
Plume d'or
Inscrit le: 22/4/2019
De:
Envois: 827
Re: Une hématoktophanie...
C'est très complexe et personnalisé, labyrinthique et ondulatoire, comme un chemin aléatoire qui mènerai on ne sait où...

Juste la patience de se laisser entraîner, avec le désir au bout des yeux...

Une forme de poésie qui n'existe point ici et qui donne une originalité à la lecture...

Amicalement...

Hubix.


----------------
bonjour à toutes et tous, je viens découvrir ce nouveau site, pour moi, en espérant pouvoir partager la passion de la poésie avec chacun(e) d'entre vous... Merci d'avance...

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