Plume d'or Inscrit le: 13/7/2021 De: Zhoushan Xiaosha Envois: 658 |
À la lueur du sang-flambeau Bonjour,
Deux textes proposés en manière de présentation...
À la lueur du sang-flambeau
... Étrange, le corps, après le si long voyage qui l'aura conduit, parmi les stridences verdoyantes de l'archipel de Zhoushan, auprès de cette tombe... Imitatrice de sa cendre, pulvérisée la parole, et cette noire pierre les confond dans ses profondeurs. L'or solaire de la calligraphie, qui voudrait dater, qui voudrait nommer, est devenu le plus sûr acolyte de l'obscur. Tout comme l'âme soeur, dense témoin poète des spoliations qui épointent, des rapts qui raffinent, je suis désormais l'étymologique enfant : in-fans, "non-parlant". Où l'énergie, et quel pas, s'il faut retourner avec tel poids de mutité ?... C'est alors que le fragile et le fugace savent s'emparer, mais non pour éteindre ! Et minutes et choses et gestes sont portés à leur plus haute acuité par l'épiphanie leucémique. Un sang-flambeau, dans ma main d'étonnement et d'osséine, claire par-delà repères et apparences, applique son faisceau là où les angles déchirent leurs contentions de vélin, libèrent des polysémies polychromes, là où les kaléidoscopiques lisières prodiguent des ajours fasciés et filamentés, des fulgurations d'alses, des pénombres surréelles... Oh ! combien je m'y élance, entre lune et loup, à quel point je m'y risque, je m'y perds, j'y cherche des phonèmes et des graphèmes et des virtuèmes qui soient rendus aux épousailles, ma parole, entre Lycosélénie et Leukaima !... Par degrés, d'élans frais en rares inflexions, semant notre alphabet, une voix-poème me retrouve, me recompose, me réinvente, nous réalise...
Ce florilège souhaiterait en être l'écho.
Traverseurs de la douleur, les mots accordés, ou qu'il est salutaire parfois de désensabler, s'évertuent à mirer l'éternel silencié où musique, comme lyre faite souffle, comme absence faite colorature, l'origine des mille métamorphoses...
Lycosélénien
albescente voyelle de la lune dans le bleu qui s'élide
crête en procession durant toute l'appétence d'un ultime orangé
expir si doux pour des gestes d'herbe des acquiescements de feuille
et l'esprit vagabondé va se muant en loup de risques et de signes à travers la nuit qui palpite
Leukaima
Elle disait : « À quel moment de lucide et d'évidence, au filigrané de l'asthénique procès, ce nom de Leukaima se lia-t-il à ma complexion, jusqu'à éteindre celui que m'avaient donné les êtres dont je naquis charnellement ?... Le moment, heureux paroxysme des inespoirs, de re-naître de poème... Voilà des racines grecques qui disent "briller" et "sang"... Le sang brille, le sang luit, le sang éclaire. À la lueur de ce carminé flambeau, les tableaux, les choses, les créatures dont je suis environnée, paraissent, non plus dans leurs bornes navrantes, mais au sein de la continuelle et kaléidoscopique Métamorphose du monde... Mon sang ainsi allumé de cercler le temps en l'instant plus dense, les révèle à leurs essences poétiques, et, parent de lune, claire pour elles le langage de ce qui se dé-range... Je suis la jeune leucémique des lisières, dont l'allure odysséenne et frêle tantôt se coule dans le rêve tantôt repasse le linéament du réel... la jeune érythrophore des confins, la féale étymologie des crépuscules, qu'intégralement la mort est impuissante à com-prendre et que la vie échoue à con-cerner entièrement... »
Elle aurait dit encore : « J'ignore à quel moment la maladie survint, et l'oubli atteint à l'innéité. Elle est depuis toujours cette présence étoilante en mes vaisseaux. Elle ne prétend pas à la force de m'éteindre, et je n'en infère nul sentiment de révolte, nulle instillation d'amertume... Dense adolescence de l'instant dilatoire !... Elle entraîne et l'oeil et l'esprit dans ses kaléidoscopes, me laissant doublement voir quelques-uns de ces féeriques décèlements, irrigatrices apocalypses, dont s'étalonne et s'ajoure cette précise existence. Les repères et les connaissances se défont et se recomposent, pour la surgie des bêtes mystérieuses... Leur couleur de sang qu'un guet de nacre va ravissant... »
encore cette ardeur d'écarter les voilages légèrement se courbent les bouquets de plis le grand arbre qui ramifie la fenêtre encre les intermittences du ciel des gouttes sinuent sur le bleu tigré l'orangé fulgure parmi le sfumato des montagnes l'éphémère s'enchâsse dans la sérénité des souffles double de l'horizon le pourpre des ailes s'éploie l'envisagement larme en poudre de cristal décisif l'envol découpe le soir et affole la métamorphose des fumées radieuses
Tradescantia
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