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     Le pluriel de la mémoire
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Expéditeur Conversation
Tradescantia
Envoyé le :  15/5/2022 7:45
Plume d'or
Inscrit le: 13/7/2021
De: Zhoushan Xiaosha
Envois: 658
Le pluriel de la mémoire


Balançoire

De la croisée le rectangle hanté de pâleurs
s'attache à mes yeux à peine ouverts
suffisant luminaire
pour soleiller le risque
de l'imagerie du revoir

après si long temps carentiel
je l'entends à nouveau
la voix de la balançoire
son va-et-vient qui presse les rouilles
répète l'esquisse de la mélancolie

elle m'est rendue
distincte, derrière les volets clos
l'inflexion riche de tout le temps sableux
et je laisse son frissonnant mystère
emplir le jardin
gagner intact la maison
la chambre
se confondre avec la sentinelle de la mémoire

puisque j'ai appris que les vents
n'ont pas de ces forces-là
que les enfants du village
n'ont pas de ces intrépidités nocturnes
qui font rouler minuit sur la pente de la rébellion
que le confident désoeuvré
n'a pas de ces actes cruels
qui sursoient à l'Hadès une minute immense

que ma douleur ne maléficie pas ainsi mes sens
..................................................................................

j'abandonne la balançoire au passage de ton ombre chère
sa persévérance muée en mélodie
en prélude au prodige

Et nous sommes racontés
par une pellicule pétillante
où fulgure un aède lacunaire

dans la solitude d'écrire
une après-midi d'automne
l'amour aura sonné
brandi ton visage

le monstre se sera angoisseusement interrompu
pour se travestir en hôte
mais ta présence sans après
aura rongé masque et costume
exacerbé les affres

mes cahiers implacables auront circonscrit nos jours
j'aurai écrit notre amour cahier après cahier
Et je ne l'aurai pas vécu

jusqu'aux syllabes
de ses systoles
jusqu'aux voyelles
de ses soupirs
j'aurai détaillé ton personnage
Et je ne t'aurai pas connue

de l'emparement seul d'un trophée
la convalescence
la métamorphose
je ne serais aimé qu'en lauréat
du roman de notre amour
et tout autour du livre triomphant
il n'y aurait que le décret d'amertume


Tu te seras éloignée
de la chambre
de la maison
pour que derrière la pourpre épaisse des rideaux
croisse le monstre d'écrire

j'entendais à la brune ton corps aller
et venir

ton balancement
aura diminué
par degrés

Puis le silence
ô mes mains lunaires de silence
à en dévoiler la plume désincarnée
à en refermer le cahier
le mouvement sans personne qui va ralentissant
Mais quelle créature appelle
se perd
s'évanouit enfin
au-delà des contours du jardin
où l'absence libère ses sfumatos ?


On me dira ton escalade
de pierres comme des guisarmiers
de broussailles comme des Erinyes
l'équilibre perdu dans l'abîme non crié
le visage retourné aux possibles du sang

ô tableaux du passé
vous surgissez sans lien
et chacune de vos ruptures
me détache d'elle
........................................................................

Renversé le vieux coffre
épand les cahiers
insondable
devient l'espace silencié

à rouvrir éperdument
le dernier d'entre eux
j'ai l'air de délinéamenter la merveille des ailes secourables
son inachèvement définitif
m'y voilà tout entier

Le déclin de la nuit
me rayonne sur la balançoire
je n'interroge pas plus avant
ni la charade d'empreintes intimidant le gazon
ni la rose brisée comme une révérence

je m'attelle à la lecture de notre amour
son écriture débleuie qui court sous la date si lointaine







Souvenir

Dis
de ton altitude
où désormais le sang
plaies et pudeurs
tendresses et rochers mêlés
n'est plus qu'un même sourire mystique

dis-moi
te souviens-tu
de nos escapades illimitées
sur la route des lilas

le chant de nos coeurs
à leurs effluves s'entrelaçant







L'abîme des anges


Dans la presqu'ombre de la chambre
parmi les florilèges partagés
ils parcouraient du regard
le firmament de nos silences
leurs ailes qui s'éployaient
passaient la porcelaine
le distant abat-jour
s'y réfléchissait en brûlements
attachés aux cires de nos confidences
dans les plis de leurs tuniques
reposait l'obscur
et des notes
élixir des amants
perlaient à leurs cithares
sous les doigts diminués sans nulle meurtrissure


De la voie d'un ancien bisse fabulée par les neiges
tu es entrée dans l'abîme

ton risque avait suspendu notre complicité
mais tu me reviendrais
avec le poème du preux

qu'elle fut d'outre-sanglot la phrase du téléphone
en laquelle se condensa le héraut funèbre


Par-delà coutures et baumes
par-delà portraits au violoncelle
par-delà blanc cercueil et corbillard
cendres et lavandes épousées
mes pas plagiant tes pas
sur l'ancien bisse
tout à la glace étrange de l'été
j'ai grand ouvert le coffret laqué

précipité les anges

descendre encore
et encore
coeur vertigineux
ravin des moelles
profonde la douleur
profonde
jusqu'au mystère
l'essence


Et cet enfantillage entêté
à muer le bibelot
en vol tutélaire
sa flagrance fragile
en essor

et s'il advient
qu'une manière de brisement
m'environne avec insistance
je crois à l'intime visiteuse qui
derrière l'ondulante féerie des rideaux
arpente entre roses et lune aqueuse
le gravier du jardin







La Licorne de cire


Pour aucune lueur
même ambulancière à la tempe adverse
pour aucune lueur
ne s'évanouirait le présent que je t'ai fait

tes ciseaux d'or en avaient retranché le coton
et devant la corne torse du chanfrein
devant le sabot de l'illimité
tu renouvelais infatigable ta fixité

de nos mains qui iraient s'espaçant
s'épanouit ton vagabondage


eux
ils me dirent ton corps, ton visage abîmés
ils précisèrent le masque talentueux avant le tissu natal

elle
extraite du papier bruissant que tu lui as souhaité
elle paraît sur le plancher des abandons

par le garrot imperceptiblement creusé
elle a renoué avec la mèche

puisque vient la nuit où j'interroge la flamme
les coulées ravisseuses
jusqu'au galop focal de l'aube







La visite


béance
meurtrissure pierreuse
et noire

au saisir du fidèle arrosoir
éprouver à nouveau le poids des enfances

et l'eau va diamantant de sa stérile courbe
le premier solstice de ton absence


Arraché l'accueil
des syllabes qui te nommaient
mais le bleu de leur encre
a poudré le frisson de mes lèvres

saoule de reflets
la mordorure de la poignée lavique
et la clef fascine
à ouvrir ainsi sur ces volumes sourds
le pas s'étonne
à franchir le seuil saisissant d'usure

dans la chambre de nos galaxies
les angles plient la lumière de vanille
où se mue le vivier des ombres

évanouis le mutique tendre
du lit pastel
et les armoires de nos affublements
et le chevet des florilèges
avec l'abat-jour propice
au papier étoile du poème

dans l'espace de mes yeux cillant
ces blancheurs d'hôpital
linges et visages
chemises et draps
flocons secrets du sang
qui vont t'ensommeillant

timbres de nos voix
à nos gestes mêlés
poussière de pigments et de mica

la pulpe de mon doigt sinue
sur les tableaux qu'on a décrochés
pour ce fébrile amoncellement

mais en cette jumelle vigueur
se métamorphose ce qui se souvient
et de leur étalement docte
notre jardin vient à refleurir

passerelles de pollens et d'ailes
sur l'abîme de l'azur

albes sentiers
cordonnets des longues robes tissues de verts
que dissout le repos des charmilles

les corolles déploient
leurs camaïeux de rose et de mauve
dans le vent de jais qui nous échevelle

parmi la roseraie
où la neige et la pourpre s'harmonisent
des effluves de tulle
vêtent encore nos présences mythologiques

où donc ta porte
ton interstice
monde d'huile et d'aquarelle
polychromies ressuscitantes
des journées qui adieusent leur déclin

pure minute
cristallise mon passage
derrière le simulacre d'une démente

oh! mes mains ont glissé
sur l'image des miels
qui repaissent les angles des cadres


Ma supplique devient la coupe de soir
liqueurs soufrées safranées des fenêtres
l'obscur tempo de l'homme s'y grise

la leucémie te silhouette
sa craie va constellant un ciel

ces voix de luminaires
tout voilés d'ailes et de toiles
aux confins de l'instant
j'écoute sans apprendre
les noms des rues qui
du jardin
me distancent

son vieux bassin longtemps blanchoie
de sa pendante larme de pierre







Lumière

Sur le bord d'un chemin où la cité renonce
à travers les roses qu'inépuisablement
l'affliction ou l'espérance ou l'indicible
amoncèlent alentour d'une pietà
une flamme jamais ne s'éteint

Tantôt palpitante dans les corolles rouges
dans un prégnant effluve tantôt immobile
elle est semblable à ton dernier regard
qui demeure en mon respir
et dont mon sang s'étoile







Partage de l'arc-en-ciel


La neige oblique exagérait
reblanchissant toujours
le courbe sillon de vitre
supplié par mon gant
pour revoir le rose et l'or
sous lesquels s'étendait ta dépouille
 
où le corbillard s'évanouit
convergeait la cité de flocons
 
soustrait fantomal à la collation des autres
j'ai cherché un chemin insolite
une venelle encline au vague du sang
 
mes repaires mes axiomes
mes écoles mes étais
la polychromie de la mémoire
dans le creuset de la déréliction,
j'écoutais le soliloque du sombre
 
 
Avril sur les éreintements
revint ruisseler
et chaque goutte réfracta la lumière
à l'aune de ma propre dispersion
 
par cette même effervescence
qui t'avait fait ouvrir ta maison
à l'étranger filouté
et déployer tes nourritures
sur le grand lys de la nappe
et border le lit frais
parmi les candeurs de la chambre cédée
par cette même munificence
l'arc septuple se partageait
 
violet rendu à la laine de la couverture
minutes merveilleuses des sommeils coïncidés
 
le signet du florilège retrouve l'indigo
le long duquel un poème mire les amants dans sa licence
 
le bleu retourne à l'encre des billets
et aimer enlumine le manuscrit des bagatelles sacrées
 
au seuil de la gare ton bagage fige cette restitution du vert
et par-dessus, l'un pour l'autre, nos tout premiers regards
 
avec le cerf-volant sur l'allégresse de Zhoushan
renouent les arabesques du jaune
 
grands rideaux fermés qui vont se rallumant
aubes et midis s'orangent en nos paresses impeccables
 
le foulard sur ta gorge refait son beau nœud de rouge
cependant qu'à travers décembre se réunissent nos mains
 
lent effacement de l'arc
prononciation sidérante
de chaque souvenir
 
 
Ô jardin !
aux confins de l'éperdument de la vagabonde
 
on s'y divertit dans un silence essentiel et ravissant
on y tourne un jouet
disque blanc
qui ralentit
jusqu'à la réapparition colorée de sept angles égaux
 
à l'émerveillement des enfants
au recommencement du geste menant des couleurs
au blanc
 
du blanc de la neige
à l'ombre du soir qui borne
j'accepte le charme impérieux des métamorphoses



Tradescantia



Sphyria
Envoyé le :  15/5/2022 8:40
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 25/4/2021
De: France
Envois: 27533
Re: Le pluriel de la mémoire
Tout un monde est créé sous ta plume, en images originales et fulgurantes !
Que d'invention mais aussi que de sentiments touchants !
Une sensibilité douloureuse et à fleur de peau se ressent constamment dans tes beaux vers énigmatiques !
vauv
Envoyé le :  15/5/2022 17:33
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Le pluriel de la mémoire
Une émouvante mélancolie et profonde sensibilité au fil de tes images poétiques qui ont une puissance touchante pour le lecteur


----------------
"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

dolores
Envoyé le :  15/5/2022 17:38
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 24/8/2009
De: france : 06 Alpes-Maritimes
Envois: 34147
Re: Le pluriel de la mémoire
Bonjour Tradescantia,

J'ai mis la matinée et cet après midi pour enfin tout lire
Un profond poème qui m'a ému
Un amour qui va et vient comme la balançoire du jardin qui ne cesse ce va et vient
Était-ce un peintre ce grand amour à peindre les fleurs du jardin
Et au bout du monde Zhoushan, île chinoise ?

Puis les enfants qui jouent au cœur de cet Empire

Les cahiers savent ce qu'il en est de votre histoire vous la contez d'une manière à me faire perdre le fil
Mais ce que je crois c'est que la mélancolie vous berce depuis si longtemps ...Qu'en est-il de ces métamorphoses ?
Aujourd'hui je pense que vous vivez pour vous et que la mémoire est ce puits sans fond du souvenir

Une belle histoire tout simplement que j'ai fini par apprécier ...

Bonne soirée amitiés


----------------

Ancielo
Envoyé le :  15/5/2022 17:41
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 18/10/2021
De: Seine Maritime - Dieppe
Envois: 8850
Re: Le pluriel de la mémoire

Un bel univers que j'ai aimé à travers ces vers. Bravo

Tradescantia
Envoyé le :  16/5/2022 8:39
Plume d'or
Inscrit le: 13/7/2021
De: Zhoushan Xiaosha
Envois: 658
Re: Le pluriel de la mémoire
Le BonJour auroral à vous, lectrices et lecteurs, et ma Gratitude toute naturelle pour avoir visité une mémoire humaine au pluriel...


... Je reçois avec bonheur cette rencontre, cette alliance... ce mariage de mots : inventivité & sentiment, énigme & sensibilité... Nos gestes-en-poème m'apparaissent en effet comme une perpétuelle quête d'équilibre et d'harmonie entre ressentir et trouver, entre le mystère d'être et l'émotion de vivre, le bouleversement d'aimer et la fascination de l'exprimer...

Il y a là quelque chose de taoïste, où Yin et Yang, au fort de leurs mêlements, veillent cependant à ne point l'emporter l'un sur l'autre...


Tradescantia
eolienne
Envoyé le :  16/5/2022 13:33
Webmaster
Inscrit le: 22/6/2005
De: Région Parisienne
Envois: 40402
Re: Le pluriel de la mémoire
J’ai le plaisir de t’annoncer que toute l’équipe d’administration d’Oasis a élu une partie de ton poème ''coup de coeur''.

Il sera mis sur la page d'accueil du site jusqu'au prochain ''coup de coeur''.

Il sera également mis dans le recueil ''poèmes nominés'' pour y rester définitivement !

Toutes nos félicitations


----------------
http://www.mespoemes.net/eolienne/

https://www.amazon.fr/Souffle-poétique-Adeline-alias-Éolienne/dp/2414163232

https://www.edilivre.com/sur-les-ailes-d-eole-adeline-mela-eolienne.html

Tradescantia
Envoyé le :  16/5/2022 20:22
Plume d'or
Inscrit le: 13/7/2021
De: Zhoushan Xiaosha
Envois: 658
Re: Le pluriel de la mémoire
Bonjour eolienne...


... Vespérale découverte émue de votre message... de cette fascinante illustration qui, avec ses nuances de céladon et d'émeraude, me donne un coup heureux, un espérant coup en plein coeur... La jeune femme si chère que concerne de près le pluriel de la mémoire... aussi légère en effet, aussi diaphane, aussi fragrante... en effet aussi fugitive qu'une rose... Malgré désormais l'absence de son enveloppe corporelle, Elle, qui revient parfois si mystérieusement raviver la balançoire des jours insouciants, se fait un peu plus présente encore au plus fort de mes souvenances...

Gratitude grande à votre Oasis pour l'avoir ressenti et imagé et illuminé ainsi...


Tradescantia

Sybilla
Envoyé le :  16/5/2022 21:31
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95621
En ligne
Re: Le pluriel de la mémoire
Bonsoir Tradescantia,

Un pluriel de la mémoire fort touchant en tous tes vers magnifiques qui sont bouleversants d'émotions !



Douce soirée cher ami poète!
Toutes mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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