Au réveil insultant que mémoire condamne,
La beauté endormie au frisson d’une femme
Se rappelle une vie, dix-sept ans amoureux…
L’essentiel en regret planté au fond des yeux,
Qui n’ont pas su garder, regarder sans repos
Les contours effleurés aux rebords de sa peau;
De sa peau, mon ami, son odeur au toucher:
N’est-il pas un peu tard pour te le reprocher ?
Dieu que non! Si l’amour est celui qu’il prétend
Être quand tout se casse, être celui qui rend
La monnaie de sa pièce à qui l’aura trahi,
Il est aussi le seul à chanter l’infini.
Puisqu’elle est là , toujours, puisque c’est l’évidence,
Quand deux cœurs essoufflés se demandent, par chance,
Comment avons-nous pu engourdir à ce point
La ferveur un pour l’autre errant main dans la main?
Que le combat commence, avec une autre plume!
Qu’avec la même muse, au flambeau se rallume
L’immuable étincelle inventée pour la rime :
Votre amour n’est-il pas narrateur du sublime?
Beau, tel une berceuse enivrante au possible,
Accouchant d’un regard qui s’est trompé de cible…
Et qui saigne aujourd’hui d’une couleur d’espoir:
Pour aimer, mon ami, il n’est jamais trop tard.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.