La morsure laisse des traces...
C’est tout à fait cela ! Je reviens du jardin
Où j’ai fait raisonner mes verbeuses cymbales.
Sans plus tergiverser j’ai rempli les timbales
Du vin de mon Quercy que l’on boit sans dédain.
Tu ressembles sans doute à ce bon Bernardin
Que la dite réforme, aux joutes trop verbales,
A jeté sans confort sous les pierres tombales
Espérant, sans raffut, l’enterrer Girondin.
Qui dit que je t’attends pour jouer de la flûte
Bravant l’harmonica qui consent à la lutte ?
C’est plutôt du pipeau que j’envoie sans renfort !
On va dire aux copains que tu es en goguette
Car ce jeu te plaît bien sans mander trop d’effort.
Attention au verglas, cependant, qui te guette.
Que dis-tu, Bruno...ai-je tout bien compris ?
Non, ne me dis plus rien, je sais que tu m'attends
Au fond de ce jardin dont les pierres tombales
Disent plus de la mort que tes bourdes verbales
Même si, certains soirs, tes propos sont tentants.
Elles parlent de mort ? que dis-je, c'est à la vie
Qu'au travers les bouquets dont se parent les stèles
Tes patients reposés maintenant nous appellent
Et clament que ta faux a déjà trop servi.
Garde-moi s'il te plaît une place ombragée
Où je serais au calme et très peu dérangé
Mais j'ai encore à faire avant de te revoir.
Excuse-moi d'avoir à te faire cet aveu :
Il est des situations que l'on ne peut prévoir
Et mon Dieu me soutient, du moins j'en fais le vœu.