A chaque jour suffit sa peine...
Nous avions adopté, pour nous entretenir,
L'envoi de joyeux plis par la correspondance.
Bien des gens approuvaient cette chaude tendance
En disant à l’encan : « Que c’est beau de tenir ! »
Connaissant tout le prix du bonheur à venir
Nous dîmes bien des mots de fort saine importance.
Usant de ton dico pour trouver la portance
Tu dopais tout envol, sachant intervenir.
Tu parlais d’Amitié et vantais le respect
Avec ce beau langage en fort disert aspect.
Ce transport est normal quand on vient de Bourgogne.
Visitant bien des pairs sans commettre d’impair
Tu commentais les gens d’un avis sans vergogne.
Aujourd’hui je t’imite en brassant bien moins d’air.
Sur une idée de Bruno que voici: " un zeste d'amitié "
Se sentir toujours seul, écarté, sans amis
Est une épreuve rude, sévère, redoutable
Laissant le goût amer, l'empreinte impérissable
D'être exclu de la vie, d'en être l'ennemi.
S'apercevoir un jour qu'un voisin est soumis
A ce combat injuste, ce mal insupportable
Et ne pas lui prêter une main secourable
Est inhumain, indigne et vil, sans compromis.
On soigne bien son chien ou son chat, c'est humain.
Le caresser souvent, le prendre dans ses mains
Sont des gestes banals, non signes de pitié.
Par égard pour autrui, par simple prévenance,
Tenter de lui montrer un zeste d'amitié
Peut parfois, pour la vie, lui redonner sa chance.