LÃ , j'crois bien qu'tu m'as faite comme un rat!
Moi ici. Toi là -bas. À environ dix pas.
Dix petits pas de trop, dix pas de démesure,
Tracés par un géant qui surdéveloppa
L'ampleur de ses souliers taillant un ciel azur.
Toi là -bas. Moi ici. Parait-il, c'est la vie!
C'est la vie qui pilote un bolide hors-circuit
Dépourvu de freinage et que rien ne dévie,
Pas même une idée dingue avec un court-circuit!
Moi là -bas. Toi ici. La distance est à l'heure!
Elle impose un silence affreusement gigantesque,
Et des airs de repos qui ne sont que des leurres,
Des lits d'indécision avec des draps grotesques!
Toi ici. Moi là -bas. Et oui la terre est ronde!
Et elle envoie du lourd pour crâner au soleil,
Puisqu'elle a les pouvoirs orageux qui nous grondent,
Qu'elle nous inonde ensuite, et noie notre sommeil!
Moi si bas. Toi trop haut. Question de perspectives
Carrément chamboulées à la tombée du soir
Qui pourrait t'inventer des souris détectives,
Pour m'éviter la danse avec mon désespoir!
Toi si prés. Moi si loin. Conjuguant notre ensemble,
Comme un tout singulier qui s'écrit au pluriel,
Et même en vrai de vrai, puisque ça me ressemble,
Au bien plus que parfait fini d'un arc-en-ciel.
Moi enfin. Te voilà . Nous voici ma crapule,
Réunis sur le tard, à gommer du couloir,
Pour effacer ce vide et le temps sans scrupule,
Qui me la joue solo, où rêve un petit loir...
Toi tout contre. Moi qui sens; le printemps qui s'immisce
A travers la vallée cachée dessous ma main,
Qui court pour chatouiller les fleurs de tes vibrisses
Aux parfums de l'amour, liant nos deux chemins.
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Hüttengriffe, Wolfgang Muthspiel
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