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     Madagascar: L'arrivĂ©e (1954)
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  16/1/2022 20:39
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3489
Madagascar: L'arrivée (1954)
MADAGASCAR: L’ARRIVEE 51954)

Voila la fin du voyage, nous jetons l’ancre à Nosy Bé, car il n’y a pas de port en eau profonde. Le fret entrant et sortant est transféré à terre via des chalands et des barges convoyée par remorqueurs. Surprise : je reconnais les chalands et les remorqueurs des chantiers de Balaguier ! Pour les passagers - nous sommes les seuls -, on descend la passerelle, et il faudra débarquer en vedette. Et nous voila avec les valises et la malle (Ou la cantine, je ne sais plus) à prendre congé du personnel de bord (Ne pas oublier la petite enveloppe) et à s’appliquer à ne pas prendre de gamelle pour prendre pied sur la navette. Un représentant de la Société nous prend en charge et l’on retrouve, émus, le chef de famille.
Ces trois semaines furent comme un rêve éveillé en trois étoiles sous les tropiques avec pour seul programme, luxe et volupté, délices de Capoue. Là, maintenant, on débarquait au paradis : l’archipel des trois îles principales, Nosy Bé, Nosy Mitsiou, Nosy Comba en donnaient une idée. Surtout Nosy Bé, végétation luxuriante, cocotiers, des fleurs, de belles plages, enfin tout quoi ! coquillages et crustacés. Rien à envier à Tahiti ! Bon, le paradis n’est jamais très loin de l’enfer, comme on va le voir.
L’heure était aux retrouvailles, nous avions de nouveau un Papa. Une bouée sur laquelle se reposer dans ces lieux étrangers. Le programme prévu : nous ne repartions que le lendemain en vedette avec un convoi de chalands pour rejoindre la cote au port du Tafia.
Venons-en à l’enfer : le patelin s’appelle Hellville ; les Anglais, qui avaient une base logistique pendant la guerre, l’avaient baptisé ainsi. Ce sont des gens pragmatiques, qui n’agissent pas sans raison. Le déjeuner au «  restaurant » à tendance asiatique, nous mit en face de boulettes de viande ou de poisson innommables, accompagnées, je crois, de vermicelles de riz, sauce piquante, bol de riz associé, le tout très convoité par les mouches. Et catastrophe : il n’y avait pas de pain ! Le pain, c’était le bol de riz dont on devait faire des boulettes, avec les doigts ! Après la cuisine du bord, les petits pains chauds du déjeuner, c’est l’horreur totale. Là, on fait un entracte pour promenade en voiture pour oublier tout ça et c’est retour au paradis.
La nuit fut pire : l’ « hôtel », construction type hangar coiffé de tôle ondulée abrite des boxes genre écurie : les chambres, dont les murs s’arrêtent à deux mètres cinquante. Au bout, les commodités, genre ma cabane au fond du jardin, mais à la turque, parfums associés. Je crois me souvenir qu’il n’y avait pas de porte, mais un rideau, douteux bien sur ! Et les lits, les moustiquaires ! Quand on a repoussé le drap, on s’est aperçu que c’était un drap gruyère c'est-à-dire qu’il y avait un peu de tissu autour d’un trou. On a ri, c’était nerveux. Dormir, entre les mosquitos, les blattes, la pluie sur le toit, et les ronflements du voisinage, a tenu de l’exploit. Enfin le lendemain, on a essayé de se mettre tout propre, tout beau, pour l’autre croisière ; ce n’était pas tout à fait le même paquebot, le personnel manquait de style. On entrait dans le vif du sujet….
Nous ne sommes jamais retournés aux Îles, qui constituaient la tête de pont pour l’exportation de la production sucrière, mais seulement passés au retour sans quitter le bord. Ces deux jours, hors les conditions d’hébergement, m’ont laissé un souvenir enchanté. Malgré un énorme potentiel ce petit éden commence à peine et timidement à s’ouvrir au tourisme aujourd’hui…

Nous avons embarqué sur la vedette, bien après le convoi de chalands remorqués, car nous serons plus rapides… Tout est calculé en fonction des marées et d’une navigation diurne, ce qui explique sans doute que nous soyons restés aux îles deux jours.
On est à l’air libre et au ras de l’eau, petite mer gentille avec juste un peu d’embruns qui rafraîchissent ; nous avons aussi des compagnons marins, avec des ailerons inquiétants. On somnole un peu, bercés par la musique du moteur (c’est du hard) ; la cote est loin et on ne la voit pas encore.
Et puis le moteur hoquette, hésite et s’arrête ; l’équipage discute sec…on dérive dans le seul bruit du clapotis et l’odeur du mazout. L’expertise est en cours, la caisse à clous est de sortie. Une vague inquiétude transparaît. Papa s’enquiert et revient nous rassurer : on est en panne mais ils vont réparer….
En fait il faut bien deux heures pour que le moteur fonctionne Ă  nouveau.
La cote se montre enfin : c’est la mangrove de palétuviers aux multiples chenaux. Notre bateau enfile soigneusement celui qui mène au port du Tafia, car la marée est descendante plein pot ! Quand on arrive, le quai est vachement haut ! Pour débarquer, il a un petit sentier au bout ; faut y aller, on laisse les bagages aux hommes, et hop, dans la gadoue ! Particulièrement une de mes soeurs qui loupe la zone « praticable » et se plante jusqu’au mollet. Ah, les belles socquettes blanches et les sandales.
Enfin un moment après, nettoyés sommairement, consolés, nous voilà sur la terre ferme ; valises et malles sont sur le quai, la vedette est amarrée. Les chalands et le remorqueur sont quasiment échoués. C’est qu’ici les marées font plus de quatre mètres. Il était temps qu’on arrive.
Le port du Tafia se limite à une centaine de mètres de quai sur palplanches, une grue motorisée, un grand entrepôt, un grand réservoir cylindrique des carburants, quelques annexes et des bureaux en dur.
Bienvenue Ă  la Sosumav!

Parceval



Sybilla
Envoyé le :  16/1/2022 22:52
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95946
Re: Madagascar: L'arrivée (1954)
Bonsoir Parceval,

Et bien, quelle aventure !
Mais même s'il y a eu quelques entraves, cela restera un souvenir en ta mémoire, vous avez vécu toi et tes proches aussi de bons moments !
Merci pour ce très beau récit que j'ai aimé lire !



Belle soirée!
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rĂŞve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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