AURA POPULARIS*
"Pamphlet politique pastichant "Oceano nox" de Victor HUGO"
Oh ! combien d'électeurs et combien d'électrices
Qui s'avéraient partants aux idées novatrices,
Dans ce morne avenir désireront voter ?
Combien d'eux n'y croient plus, le cœur plein d'amertume,
Dans un contexte, hélas, où chacun nous enfume
Sous couvert d'un "programme" augurant nous flatter ?
Combien le peuple fuit les hommes politiques,
Leurs mensonges, leurs choix, leurs parcours chaotiques,
Et d'un revers de main refusent leurs propos !
Nul n'émerge d'entre eux, aucun n'est panacée,
Chacun œuvrant pour soi, visant son avancée...
L'un ne fait que du vent, l'autre n'est que pierrot.
Nul ne mord plus à vos tissus de tromperies
Que vous brodez, messieurs, de mille effronteries
Écorchant la morale (et ne vous heurtant pas).
Oh ! que cela répand un vent nauséabond,
Car nous ne voyons rien qui pourrait être bon
Faisant de vous un candidat.
On parle des "Partis" songeant aux duperies:
Au bar, chez les amis, où vos bouffonneries
Se mêlent aux discours : vos noms pleins de mépris.
On se gausse de vous, comédiens d'opérettes,
Aux idées fleurissant aux ras des pâquerettes,
Tandis que vous rêvez, vous croyant pleins d'esprit.
On se demande : - Où sont les valeurs politiques
De ces hommes d'État bien plus autocratiques
Recherchant leurs profits par la vox populi ?
La morale se perd noyée dans les eaux troubles ;
Les lois sont contournées, les avantages doubles,
Sur le sombre échiquier de l'honneur aboli.
Aux yeux des citoyens ces vils carriéristes,
Les uns incompétents, les autres genre autistes,
Durant tout leur mandat une main sur le cœur,
Promettent escobars, Ã qui veut les entendre,
Des actes d'utopie débités à revendre.
Mais qui croirait un flagorneur ?
Et quand la vérité nous ouvre la paupière,
Rien ne reste établi, sinon la singulière
Impression que seul c'est l'échec qui répond.
Pas même la raison d'espérer une chance,
Pas même un seul sujet, ni un brin de croissance
Qui ne fasse entrevoir quelque chose de bon.
Où sont-ils ces Grands noms des hommes politiques
Remplacés aujourd'hui par des humoristiques ?
L'amour de la Patrie se résume en deux mots :
Le profit personnel et l'abus d'exercice.
C'est ce qui fait de vous, messieurs, le préjudice :
Vous usez, abusez de moyens trop royaux.
ANDRÉ
* Le souffle populaire
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Poème original OCEANO NOX de Victor HUGO
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !
Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !
On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)