Quand il l’a rencontré un jeudi de juillet,
Avec dans le sourire une bouche à donner,
Un moment comme un autre où le matin complice
Dessinait en cachette le destin de Fabrice.
Rien alors jusque-là ne laissait présager
Cet amour délicat, sur le point d’éclater
Au grand jour comme si la beauté de l’humain
S’invitait en personne dans les yeux de Julien.
Le contour de son cœur, la flexion de ses lèvres,
Deux peaux dont la chaleur pantèlent sous la fièvre;
Qu’il est beau, qu’il est nu, leur corps entrebâillé,
Il et il s’enlacent sans jamais s’en lasser.
Et pourtant d’autres langues salivées d’arrogance
Se permettent le droit de cracher à distance
Sur ce double évident, au nom de la morale,
Apôtres soit disant de ce qui est normal.
(Normalement) Julien dit alors à Fabrice:
« Il semble que certains se soient trompés de vice!
Qu’ils demandent à mon cœur comment je suis tombé
Sous le charme aveuglant de tes tendres baisers. »
Fabrice répondit (toujours normalement)
Par la simple caresse en guise d’argument:
Quatre yeux dans les yeux, un regard au milieu,
Le monde importe peu lorsqu’on est amoureux.
A genou devant l’Autre, ô promesse avenir,
Ils se sont dits les mots qui ne peuvent s’écrire.
Aujourd’hui sous leur toit, une étoile scintille,
Venue là tendrement agrandir la famille.
C’est la main dans la main, que sans se retourner
Vole au vent cette histoire désormais dévoilée.
Si seulement la vie de ces hommes qui s’aiment
Pouvait être embellie comme dans ce poème.
----------------
"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.