
En sortant du tunnel, j’ai vu cette lumière,
Flatteuse jusqu’au point d’en oublier la terre;
Comme un vent de bien-être, seule fois dans ma vie
Qu’est parti l’impression de n’avoir rien compris.
Tout ça pour arriver à ce pôle évidence,
Comme si l’âme entière retombait en enfance,
Face à rien, le néant dans un flux de repos;
Je n’ai plus de pensée, ni de peau sur les os.
Et pourtant tu es là , je ne peux t’oublier,
Puisque même sans yeux, je te vois me pleurer.
Je vais bien, calme-toi, ce silence oppressant
Est bien moins discutable ici que dans ton sang.
Je sens ta peur gronder à l’idée de grandir
Sans moi, à tes côtés, je sens ton cœur maudire
Ce nouveau monde aride imprégné d’au-delà …
Rassure-toi mon ange: un jour, ton tour viendra.
En attendant, tu sais, ce vide indéfini
Qui viendra à coup sûr te prendre après la vie,
Tu sais, n’est pas si belle ma nouvelle demeure,
Prends-le temps qu’il te faut… Le temps comble les pleurs…
Comment vont ceux qui restent? Parle-moi un peu d’eux!
Tu n’es pas seul, je crois, à m’avoir dit adieu.
Au défi des sanglots, qui donc rafle la mise?
Juste après toi, bien sûr, car qui donc rivalise?
Personne, évidemment, certainement pas moi
Ne peut juger la peine dont tu ne guéris pas.
Puis-je au moins te promettre en guise d’ambition:
Tu vas vivre, pardon, que tu le veuilles ou non.
Fais-le pour moi mon ange, car si tes souvenirs
Sont aussi purs que ça, souviens-toi de mes rires,
De mes cris, de mes larmes, sans omettre un détail:
Tu existais déjà avant que je m’en aille.
Et tu vois, moi aussi, j’ai du mal à t’écrire
…Au revoir… à l’issue d’un quatrain qui transpire
A l’idée de savoir qu’à la fin de ce vers,
Je n’aurai plus jamais le droit d’être ton père.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.