L'hirondelle et le cerisier
Un cerisier chargé de fruits
S'ennuyait fort dans la montagne.
Mais des éclairs soudain se chargèrent des bruits,
Un vacarme infernal parcourut la campagne.
Une hirondelle enfin se posa sur le mat,
Elle était un peu lasse et souffrait du climat.
L'arbre fut enchanté par cette tendre amie
Qui revenait de loin, voyageuse à plein temps.
Il évoqua l'Egypte et devisa longtemps.
La belle aima ses mots, savourant l'accalmie.
Mais elle s'ennuya dès que le jour décrut.
Elle voulut sourire et taquina l'ancêtre :
"Vous êtes si lourdaud que vous semblez bourru,
Attaché sur le sol, vous paraissez bien être
Un triste prisonnier surchargé de douceur !"
Elle rit aux éclats tel un joyeux farceur.
L'arbre devint maussade et gronda la pécore :
"Je nourris la misère et prend soin de l'humain.
Mais que faites-vous donc ? Pirate insectivore,
Vous parcourez le monde et que sera demain ?
Votre existence inconsistante
Est futilité rebutante !"
L'hirondelle en fureur emplit le ciel de cris,
Elle s'envola vite et fuit le malappris.
L'arbuste fut très triste et l'oiseau solitaire
Pleura son seul ami, cet ange tutélaire.
La colère toujours nous rend très malheureux,
Se moquer sans vergogne est souvent dangereux,
La prudence commande une douce sagesse
Afin que l'amitié nous soit pure caresse.