Une bibliothèque, un petit guéridon,
Et juste deux fauteuils pour y faire salon,
C'est un havre de paix niché sur le palier
Où le temps, lentement, semble s'être figé.
Dans ces murs en sommeil on n'entend aucun bruit
À part le chat que son ronronnement trahit
Sous les yeux des anciens dans leurs cadres de bois
Qui veillent religieusement sur cet endroit.
Dès que je peux, je viens m'y asseoir un moment.
J'aime le charme de ces visages d'antan
Dont les traits, les regards, me ramènent sans cesse
À ce duo de portraits de votre jeunesse.
Ah si j'avais pu te connaître un peu Papa...
Je n'avais que quatre ans... Depuis, je ne sais pas...
Ce maudit cancer qui t'aura tant fait souffrir
M'a laissé orphelin du moindre souvenir.
Cela a dû être si dur pour toi Maman
De te retrouver sans rien, avec huit enfants,
Auxquels il fallait assurer un avenir
Avec force et amour sans jamais défaillir.
Je n'ose imaginer ce que tu as vécu,
Les mâchoires serrées, les larmes retenues,
Pour maintenir à flot notre arche de fortune
Et changer son destin dans cette nuit sans Lune.
Souvent je pense à toi et tes presque cent ans.
Après avoir autant donné c'est si touchant
De te voir toujours aussi sereine à cet âge
Avec cette clairvoyance qu'ont les grands sages.
Ô Maman du fond du coeur je te remercie
Pour cette extraordinaire leçon de vie
Et pour ta bonté d'âme offerte au quotidien
Qui font qu'aucun de nous n'oubliera d'où il vient.
Je t'aime.
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