Lilas
Ce mot est un baiser, la caresse d'un ange
Et sur la branche offerte, une grappe en couleur
Mime le crépuscule. Ô quel délice étrange
Que tout ce monde en mauve au songe bateleur.
Un parfum de naguère émane de son ombre,
Ce sont dentelle fine et perles en collier
Qui surgissent ensemble au creux de sa pénombre,
La nature en douceur devient ce joaillier.
C'est une grâce en fait, une offrande un peu folle
De l'univers qui mue et du printemps joyeux,
Cet arbuste rêveur chante la barcarolle
De tous les soupirants qui aiment les beaux yeux.
Quand enfin le soir tombe au détour de la brume,
Le beau lilas devient ce fantôme diffus.
Il ne reste de lui qu'un souvenir d'écume,
Un serrement de coeur, un amour sans refus.