FORTUNE DE MER
La tempête fait rage ; les lames en rouleaux
Agressent les rochers, ébranlent ces chaos
Les orgueilleux remparts bordant la Cornouaille
Qui osent défier la fureur océane
Plus loin sont les galets qui roulent en écho
Au grondement des chocs sonnant sur la muraille
Mouettes et goélands, ne peux plus les entendre
D’ailleurs on n’entend rien, dans cet enfer hurlant
L’estran est blanc d’écume, et lorsque la marée
Renvoie le flot au largue, reste un champ de ruines
Du champ de la bataille ; et du souffle du vent
Les orgues démentielles effilochent en lambeaux
Le gris des nues courant aux ras de la falaise
Se mêlant aux embruns qui ruissellent à seaux
Des fougères et bruyères accrochées sur la lande
Sur ce qui fut la plage de baie des Trépassés
D’épaisses algues brunes et diverses offrandes
Des coffres, des casiers, des voiles déchirées
Des planches, des espars, débris de gréement
Des filets et cordages, emmêlés de flotteurs
Le blanc rayé de rouge de l’arceau des bouées
Et là sur les rochers, tel squelette implorant
Le ber tend vers le ciel, sa charpente brisée
Là , sur le goémon, des taches de couleur
Une pointe d’étrave et quelques cirés jaunes
Certains sont habités de marins au teint pâle
Pour toi Yves-Marie, pas de port à Cancale
La mer à décidé, elle a pris droit de douane
Soizic, tu peux attendre, prier sur le calvaire
Guetter sur la falaise, questionner l’horizon
Ou implorer les dieux qui ont fait ton histoire
Suivre le grand pardon, maudire le destin
Qui te fit la compagne, la femme d’un marin
Il ne reviendra plus
Parceval
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