De lourds silences
Si tu savais ce que contiennent les lourds silences
Qui vont voguant, anonymes, en l'infini immense
Cargos perdus, peuplés de fantômes du pont à la cale ;
On entend parfois gémir des plaintes infernales.
Peut-on dire qu'ils sont en route pour le grand naufrage,
Les fonds abyssaux absorbent des fossiles sans âge,
Les parchemins d'antan ont semé leurs hiéroglyphes ;
Sans voix, il est perdu ce cri primal et instinctif.
Imagine le cargo, le silence, l'océan
En une folle abstraction unis et survivants ;
Agréant cette lecture, en l'effarant délire,
La raison humaine se refuse à les bannir.
L'invisibilité serait-elle rassurante ?
L'invérifiable nous la rendrait pertinente ;
Il suffit d'un nuage passant , indiscernable,
Pour contrer le néant et sa forme discutable.
Les boussoles se révéleront plutôt inutiles,
Les quatre points cardinaux sont repères futiles :
Cette vide étendue ne possède pas de rives
Qui puissent nous faire mesurer ce dont elle nous prive.
Si tu savais ce que contiennent les lourds silences
Qui vont voguant, anonymes, en l'infini immense
Cargos perdus, peuplés de fantômes du pont à la cale ;
On entend parfois gémir des plaintes infernales.
Pierre WATTEBLED- le 27 avril 2021.
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