L'évadé et son complice au rachat...
Avez-vous déjà vu pareil saut d’évadé
Qui partant du sommet d’un piteux mur d’enceinte
Se retrouve fuyard sans laisser moindre empreinte
Entonnant bellement le chant de l’extradé
D’un rythme saccadé.
Il s’en va sac à dos pour rejoindre un filou
Qu’on nomme Sac à Puce au buriné visage.
Cet être est trop rusé pour n’avoir point l’usage
De ficelle ou de corde et comme Marylou
il se vĂŞt de pilou.
Une fois réunis en mesquin peloton
Les voilà qu’ils s’en vont tous deux pleins de malice
Aborder des recoins où l’on sert au calice
Des vins très capiteux faits pour le miroton
Donnant le port béton.
Pour semer les traqueurs qui fouillent l'alentour
Ils changent leurs habits pour des vĂŞts Ă leur taille
Car ils craignent tous deux l’incertaine bataille
Opposant ces gens d’arme aux faiseurs de bon tour
Que l’on pend à la tour.
N’étant plus vrais pêcheurs, car suivant le chemin
Que la Bible applaudit, nos deux gars en vadrouille
Se disent : « c’est fini de tout faire en magouille.
Allons donc dans la paix de l’ancien parchemin,
Cela fait plus humain. »
Étonnement, sans doute, on les voit tous les deux
S’apprêter en vieux moine et paraître tondu.
Leur bure en cachemire et au ton bien fondu
Leur donne un air serein et non ce port hideux
Qui les rend peu fiers d'eux.
Et là le Monastère en dernier Ministère
Les prive des appâts et secours de Miss Terre...
RĂ©ponse Ă ce qui suit
Afin de m'Ă©vader, j'ai choisi troubadour
Pour aller décrocher, pour le plaisir, la lune
Oh je n'ai pas choisi, qu'elle soit rousse ou brune
Je suis parti dans un flacon de Bleu d'Amour
Du ruisseau de Rocamadour
Devenu troubadour en joutes de légende
Mon arc est une lance et les flèches des mots
Pêchés dans les hauts fonds des larmes et des maux
Et dans l'Ă©cume d'un rire de contrebande
Dans le rĂŞve on en redemande
Sommes donc là , tous deux, évadés du Néant
Sur le canal oĂą glisse ma fine arondelle
Au pavois célébrant l'entente fraternelle
Quand sur l'ordre du jour vient le duel des GĂ©ants
On se tait maintenant
Il a coiffé le heaume, mis la cotte de maille
Que sur le quai l'on croit voir un maskinongé
Or, s'il me dit tantĂ´t qu'il apprend Ă nager
Comment pourrais-je oser le jeter Ă la baille ?
Si fait, vaille que vaille !
Lui-mĂŞme ce jour lĂ me traita de grondin
Pensez ! Je porte ici mon grand chapeau de paille
Et le plastron de soie; en solde, une trouvaille!
Qu'entends-je tout Ă coup. Le voici. L'air badin
Celui du grenadin
De son gant mais d'un doigt, il me montre la fille
Assise sur la berge. Le bougre, il a raison
Faisons la paix lui dis-je et tiens mon aviron !
Approche-moi du quai ! Assez du jeu de quilles !
Autant jouer aux billes...