Au procès de la vie, vous tous concernés,
Un manque, une prière, un mot pour condamner
Le meilleur des alliés à pourrir en enfer
Précaution d’une larme qui ne m’arrose guère.
Que je verse pourtant, tantĂ´t Ă votre place,
Ô témoin de l’amour, je me regarde en face
Et déclare, accablé, devant tant de froideur
Que je suis bien trop seul pour me chauffer le cœur.
Qui donc plaide coupable et foisonne sa route
Autre part qu’en mon âme? La pitié me dégoûte,
J’ai beau mourir de peur, appeler au secours...
Attendez-vous peut-ĂŞtre que je meurs -tout court- ?
Vous, les frères de mon sang, rouge sable mouvant,
Pour qui le sentiment ne sait faire autrement,
Qu’en est-il de vos peurs, de vos gages humides?
Sentez-vous, comme moi, ce caillou dans le bide?
Sentez-vous qu’il est temps de ne pas m’oublier ?
Déposer sur mes joues, quelques preuves salées,
A moins que ces « je t’aime », autrefois lumineux,
Ne peuvent scintiller que lors des jours heureux.
Pourtant je vous ai vus pénétrer la pudeur,
Violer l’intimité de ma propre douleur,
Est-ce alors une angoisse si dure Ă supporter,
Qu’il n’y a d’autres choix que de vous protéger.
Je peux vous rassurer, vous aider, s’il le faut,
Dans l’inversion des rôles, crayonner quelques maux,
Ce doux vers qui console: je suis lĂ , contagieux,
Pour planter mon regard dans le creux vos yeux.
Ce regard apaisant qui fait aimer la vie,
Même en temps de griffures, vous l’ai-je déjà dit?
Rien ne peut abîmer cette foi mise en scène,
Si ce n’est le sang-froid qui s’égare en vos veines.
Alors trichez! Qu’importe où vous mène la peine,
Dans mes bras, comme un vœux à l’issue incertaine,
Je souhaite vous voir tristes, horrifiés à l’idée
Que ce nouveau poème soit aussi le dernier.
Ou peut-ĂŞtre ĂŞtes-vous lĂ , oĂą je ne vous vois plus,
Présents par la pensée. « Dis-moi, comment vas-tu? »
Je vais bien... Oui, ça va... Bien sûr, vous me manquez!
Mais je crois bien que ça, vous l’aviez deviné.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.
