"On ouvre une boîte, et on s’y fait mettre ..."
L’été, le jardin était sec,
DĂ©sert, aride, caillouteux.
Les feuilles flétries. Les herbes jaunies.
Un grand trou,
Un film polyuréthane, vert,
De l’eau… et la magie opère.
Une dizaine de pots de plantes aquatiques,
Une demi-douzaine de poissons oranges,
Une pompe pour une jolie cascade…
Et le miracle se produit :
Tout converge, lĂ , au point central
D’un jardin redevenu vivant.
Gargouillis et profusion de vie.
Prolifération aquatique.
Les nénuphars, les nymphéas pour la location
Étalent et brassent leurs cœurs verts flottants
Et fleurissent de conserve.
Les myriophylles Ă©tendent leurs tentacules plumeux
Vers les poissons, les libellules,
Qui s’y cachent, s'y reproduisent et y folâtrent.
Les jacinthes flottent, tournent et dansent au gré des courants.
… Une nuit un grand coup de vent. Un trou béant noirâtre …
La bâche est déchirée par les dizaines de branches brisées
Du grand saule déraciné.
Les poissons raidis fixent le vide, intensément.
Sous leurs yeux blanchis,
Les plantes flétries, moribondes, ébouriffées,
Sont intriquées par le poids des branchages éclatés.
La mare n’est qu’un imbroglio,
Un fouillis glauque, vaseux,
Et sans fin au milieu des bois tordus.
Juste retour des bâtons, conséquence de l’artéfact.
Du film de polyuréthane, des pots en plastique,
De la culture des plantules, de l’élevage des poissons,
De l’eau du robinet.
Que de carbone fossile libéré,
Ici,
Tel un diable de Pandore.
Un petit drame domestique juste un prélude,
En prémisse de moultes catastrophes annoncées …
Cavalliero
Un jour ancien en Prime Time, en 1989-90, j'avais Ă©crit : "Les bidons"
"Voir la planète avant la lettre"
Le pont était tranquille, jeté au raz du fleuve,
L'eau Ă©cumait bruyante au sortir du barrage,
Et, se pensant si pure, grondait qu'on s'en abreuve.
Deux caravanes fondues sous un ancien garage,
Mouraient, témoins du temps, dans le camping désert...
Des taches de pâquerettes couraient sur l'herbe rase
Et signaient notre amour sur un tapis trop vert...
Comme des gosses, nous grimpions dans un grand saule tĂŞtard,
En cette tour, nous dansions sur quelques mégots blonds,
Puis sur la grève jouions. Là , parmi de blafards
Plastiques, loin nous jetions, dans l'eau glauque des bidons ...
Cavalliero
Prime Time, le tout premier poème par moi, jeté