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Souvenirs de mes 10 ans Souvenirs de mes dix ans
Souvenirs de mes dix ans... dans mon petit village de La Ferté St Aubin, Loiret.
Dans les années 50, le marché du jeudi dans mon village natal était prétexte à amusements divers. Tous les jeudis matins donc, sur la place du marché (pourquoi se compliquer la vie pour nommer une place), dès le lever du soleil, les premiers commerçants ambulants arrivaient, qui en camions, qui en voitures à chevaux pour les paysans des fermes voisines, vendre leurs produits : Fruits, légumes, volailles et gibiers vivants où morts. On trouvait de tout sur ce marché. Des camelots aussi venaient parfois vendre leurs marchandises. A grands renforts d'éclats de voix (les sonos n'existaient pas encore), ils attiraient le chaland. Je me souviens surtout d'un, il se faisait appeler 'Le bas la dèche'. Il vendait de la vaisselle, en présentait un lot varié, annonçait le prix, et si à son goût les clients tardaient à lever la main pour acheter, de colère (contrôlée), il en cassait une partie et recommençait son cinéma. Je pense que, dans son lot de présentation, il devait inclure en douce, des ustensiles de basse catégorie qui, n'ayant aucune valeur marchande, se laissaient casser facilement sans trop de perte pour le vendeur. Il devait quand même faire son beurre, car il revenait pratiquement tous les jeudis avec un stock important de Plats, assiettes, gamelles en tous genres...
Ce jour était d'autant plus plaisant pour moi pour deux raisons. La première était que ce jour, le jeudi, était sans école. Maintenant c'est le mercredi, la deuxième raison était que mon père me donnait (je n'ose dire mon argent de poche), n'ayant pas encore dix ans, une pièce de cinq francs, une grosse pièce en alliage d'aluminium et de fer blanc. 5 F dans les années 50 correspondrait de nos jours à un centime d'euro. J'étais pourtant heureux avec ma pièce, car cela me permettais d'acheter... 5 caramels mou à 1 centime, où à l'ancêtre du carambar, un gros caramel à 5 F Ces friandises étaient enveloppées dans du papier graff. C'était pour moi de grandes richesses à mes yeux de petit garçon, élevé pendant la dernière guerre avec des bons de viandes et de lait délivrés par la mairie. A la fin du marché, vers 13 h 30, il fallait être sur place avant les cantonniers venus nettoyer les lieux, car, en fouillant dans les détritus jonchant le sol, il n'était pas rare de trouver une piécette où deux, ce qui augmentait quelque peut mon pécule hebdomadaire.
Dans ces années 50 également, les américains étaient encore présents sur le sol français. Ils avaient une base militaire du coté de Châteauroux, dans l'Indre, et aussi juste avant Orléans. De temps en temps, il y avait des mouvements, des convois d'une base à l'autre. Nous étions situés juste sur leur passage, notre petite commune étant traversée par la nationale 20, reliant justement Châteauroux et Orléans. Certains jeudis donc, prévenus pas je ne sais qui, des camions et des chars américains faisaient la navette d'une base à l'autre. On se mettait alors assis sur les marches des boutiques le long de la rue à les attendre. Et, quand ils passaient à notre hauteur, ils nous suffisaient simplement de mettre deux doigts en forme de V dans leur direction, leur rappelant ainsi la victoire contre les allemands et, avec de grands sourires, ils nous jetaient des tablettes de chewing-gums, friandises toutes nouvelles pour nous.
Quoi dire encore de cette époque ? Très peut de voitures automobiles, le maire, le grainetier et le docteur, ce devait être tout, juste après guerre. Par contre, les voitures à chevaux étaient nombreuses. Un transporteur d'Orléans, ayant une succursale à La Ferté, avait un employé possédant un cheval. La semaine, il déchargeait de la marchandise des trains de la Ferté pour la livrer aux alentours et, le samedi, sur demande de M le Curé, ce même cheval, harnaché des ornements sacrés de l'église, tirait le corbillard pour emmener dans sa dernière demeure le paroissien rappelé par Dieu.
Nous avions catéchisme le jeudi matin, à l'église St Michel et, l'après-midi, patronage aux portes vertes, appellation d'un lieu appartenant au diocèse de la Ferté. Sous la surveillance d'un abbé, aidé par de jeunes gens, futurs séminaristes, nous faisions des jeux divers de plein air, des jeux de pistes, des promenades dans la forêt voisine. Cela se terminait toujours par une projection de petits films, en vues fixes. J'ai ainsi vu tous les épisodes des aventures de tintin, et de beaucoup d'autres...
Voila en quelques lignes, des souvenirs vieux... de près de 70 ans. D'autres, sur mon blog dans : Une vie, ma vie... de ma naissance à ma retraite, et même plus.
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