Maria Magdalena
J’ai vidé de leur sang la plupart de mes veines,
J’ai coulé de mes yeux les larmes du déclin,
J’ai fusionné le vent au grand mât de misaine,
J’ai coloré de bleu quelques alexandrins.
J’avais tout accepté du caprice des guerres
Et j’ai fait pénitence en m’abstenant de tout,
Jusqu’à être oublié du peuple de la terre
Des cris de la violence, des relents de dégoût...
Je croyais que bonheur et halo de lumière
Étaient la Liberté, l’égalité en tout,
Qu’il était le sauveur, que j’étais la prière,
Et que l’éternité était un amour fou...
Je marche parmi vous qui avez des oeilleres
Dans la peau de cette âme qui n’a plus que la foi,
J’ai vécu avec vous au cœur de la misère,
Et j’ai brûlé ma flamme sur une simple croix.
J’avais un grand ami qui s’appelait Judas
Ils en firent un maudit, un traitre et un faux-frère,
Nous avions convenu de gérer mon trépas,
Avec notre vertu à l’abri des lumières.
Ce qui reste de moi est un nom légendaire,
Une philosophie qui ne fait plus débat,
Deux petits bouts de bois croisés sur un mystère,
Un rêve à l’infini de mon amour pour toi...
Je songe à mon amour avec son port de reine,
Et son buste arrogant qui me tendait la main,
Je revois ses atours dignes d’une païenne,
Et le regard des gens qui n’avait rien de saint...
Je me souviens encore tes lèvres si pulpeuses,
Tes yeux remplis d’amour et ta peau dans la soie,
Nous vivions les aurores aux brumes nébuleuses,
Et dans ces contre-jours, Maria-Magdalena...
Shovnigorath
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“L'homme est un animal domestique, l'animal est un homme libre†(Shovnigorath)