Pays de mines sous des pierres d’héritage,
Profondes vallées altières et silencieuses,
Quelques cloches lointaines se font un peu pieuses,
Témoignant d’une vie forgée au fond des âges.
Des hommes survivants fuyant la peste noire,
Ils sont venus un jour, il y a longtemps de ça !
Leur ventre nu creusé comme de grands forçats,
Déplaçant des rochers pour écrire l’histoire.
Pays en terrasses, aux faĂŻsses peu commodes,
A la terre ingrate, domptée par les corvées,
Gardienne salvatrice, ces hommes ont œuvré,
Contre le temps patient devenu incommode.
Des moines inspirés de sagesse céleste
Lui ont donné le pain et même le couvert,*
Ornant de châtaigniers, sans prêcher au désert,
Du berceau, au cercueil, de l’est, à l’ouest…
Des hommes en chemise**, sortis d’un sommeil,
Par les dragons d’un roi se sont levés soudain.
Cachée dans des chignons ou au creux de leurs mains,
Ils ont porté leur foi d’un étendard vermeil.
Au siècle des lumières cette terre d'ombre
A fait avec un arbre*** de l’or et de la soie,
Encore aujourd’hui, le long de petites voies,
Quelques magnaneries sortent parfois de l’ombre.
Pays de mine ancien, paysage troué,
Par le charbon qui roule au fond de sa mémoire
Où quelques vieux papés radotent son histoire,
Au soleil sur les quais finissant d’oublier…
Aujourd’hui en été l’Europe y débarque,
Sur des ânes bâtés, en BMW,
Sur les traces perdues d’un auteur à succès****
Car pour gagner des sous il faut vendre des marques.
Pays plein de secrets, oubliés des grimoires
Où des hommes forgés à même le granite,
Isolés et bourrus, véritables ermites,
Oublient cette langue qui chantait leur histoire.
*châtaignier nommé aussi "l'arbre à pain" car il a permis à des générations de cévenols de lutter contre la faim, de bâtir leurs maisons et même d'être enterrés entre ses planches,
** les camisards : nom donné aux protestants chassés par les dragons du roi en chemise la nuit de leur lit, -camisa en occitan-,
*** le mûrier nommé aussi "l'arbre d'or" car il permettait de nourrir le vers à soie qui apportait des revenus aux familles,
**** Sur les traces de R.L. Stevenson, à lire absolument "Voyage avec un âne à travers les Cévennes".
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entoliv 
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