Une abeille bourdonne et sans trêve butine
Les corolles nacrées d'un buisson d'églantier.
Au pré paissent des boeufs que les mouches taquinent
Sous l'oeil courroucé d'un jar importuné.
Sur ses arceaux d'osier la treille s'illumine
Du rubis dévoilé de ses grappes dorées
Le petit chat s'endort à son ombre propice
Bercé par la chanson d'une brise feutrée.
Tout au fond du jardin les ailes déployées
Une poule caquette rameutant sa couvée
Tandis que Chanteclaire sous son chef cramoisi
S'essaye aux trémolos de son timbre brisé.
Sous la tonnelle éparse un chien baille d'ennui
Lové aux pieds d'un vieux qui fume en silence.
Une canne de jonc entre ses mains serrées
Réprime un tremblement qui l'agite et l'offense.
Au-delà de l'écran que forme la fumée
Son oeil où perle encore une furtive larme
Se pose indifférent sur l'océan des blés.
Que chercherait ici ce vieillard cacochyme ?
Des souvenirs enfuis des rêves oubliés ?
Pourtant nulle pensée ne vient troubler son âme
Seule la lente ondulation de la houle blonde
Accroche pour un instant le regard fatigué
De ce marin perdu qu'elle submerge et innonde
En un vivant linceul sur son front déposé.

Shangaan

(pitit' erreur de postage ? il serait tellement mieux dans la catégorie "poèmes", méritant d'être lu par de plus nombreux oasiens !)

j'aime beaucoup ce thème qui revient souvent, du vieil homme et la mer.
ce tableau est superbe, shangaan.

Anne-Laure,
Tu as raison, j'ai fait une erreur de postage que j'ai corrigée aujourd'hui. Merci de m'avoir averti, je suis tellement étourdi !
bisous
Shangaan