Re: mémoire.
Yann, Un triste poème en hommage à tous ces hommes soldats de la guerre 14-18 qui pour certains ont souffert de véritables calvaires, et d'autres dont les corps sont enterrés dans les champs de croix impersonnels.
Je me permets d'ajouter des poèmes de Siegfried SASSOON qui je pense t'intéresseront. Je les tirés d'un livret que je possède de ses écrits..
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Merci Yann pour eux
Nat
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Trois poèmes de de Siegfried SASSOON, (1886-1967),
un poète anglais qui a vécu cette boucherie qu'a été cette guerre,
en France, dans les tranchées.
1-CONTRE-ATTAQUE
Depuis des heures nous avions atteint le premier objectif
Quand l’aube pointait, telle un visage dont les yeux cillent,
Blafard, hérissé et rogue, aveuglé de fumée.
D’abord tout semblait aller bien, nous tenions leur ligne,
Les sapeurs à leur poste, les Lewis en place,
Et le cliquetis des pelles creusant plus profond la tranchée.
La mort avait pourri l’endroit ; des jambes vertes, gauches,
Balancées en l’air, étalées, jetées le long des sapes,
Et des bustes basculés dans la boue qui aspire,
Ballottés comme des sacs à sable piétinés, mal remplis,
Et des culs à l’air, trempés, des cheveux emmêlés,
Des têtes gonflées, avec des caillots, englués dans la vase.
Puis vint la pluie! La bonne vieille pluie!
Un soldat bâillait, à genoux contre le remblai,
Secouant le matin voilé de brouillard.
Il demandait quand les Allemands s’y mettraient.
Et bien sûr, ils y sont allés au quatre vingt quinze,
Qui fauchait, sûr comme le destin, sans un raté.
Muet dans le fracas des obus, il voyait éclater,
Soufflant la terre noire et les barbelés dans les bourrasques d’enfer,
Et les postures de géants s’envolaient en lambeaux de fumée.
Il se cachait, se dérobait, dans le vertige sans frein de la peur,
Mourant de fuir, haïssant l’horreur étranglée
Et les gestes de boucherie frénétique des morts.
Un officier descendit la tranchée à tâtons ;
« Debout, en première ligne ! » Il continua…
Haletant et gueulant, « Première ligne…contre-attaque ! »
Puis la brume se leva. Bombardement sur la droite
Vers la vieille sape; mitrailleuses à gauche;
Et devant surgirent des formes floues, trébuchantes.
"Mon dieu! Ils nous viennent dessus!" Les balles claquaient,
Il se souvint de son fusil...Feu nourri...
Et il s'y mit, enragé, sauvage...
Puis un bang le ratatina et le roula de côté,
L'envoya d'un coup gémir et se tortiller.
Personne pour l'aider. Il étouffait
Et se défendait des battements d'aile écrasants des ténèbres.
Perdu dans le fouillis confus des cris et des pleurs...
Bas, et plus bas, et plus bas, il s'enfonça et coula,
Saignant à mort.
La contre-attaque avait échoué.
2-J'ETAIS AVEC LES MORTS
J'étais avec les morts, si seul, immobile,
Dans l'aube grise, j'étais avec les morts.
Et, mon cœur disait sans y croire :
"Tue! Tue! C'est ton devoir.
Soldat, le matin est rouge, soldat:"
Un moment dans le crachin glacé, j'ai regardé
Les corps tombés, la disgrâce chiffonnée de leurs formes...
" Je t'aimais bien, mon gars, et il pleut sur ton visage;
Tes yeux se voilent et s'abîment comme la plaine."
J'étais avec les morts.. Morts! Ils étaient morts!
Ma tête et mon cœur battaient une marche désespérée.
Et c'était le vent en rafales que les canons émoussaient.
"En rangs!" J'ai gueulé. " En rangs, pour ce qui est dû!"
3-RÊVEURS
Les soldats sont des citoyens du pays gris de la mort,
N'attendant nul profit du temps de demain.
Ils sont là , à la grande heure du destin.
Chacun ses querelles, ses envies, ses tracas.
Ils sont voués à l'action. Qu'ils gagnent
Au prix de la vie, l'apogée, ardente, fatale.
Les soldats sont des rêveurs. Quand les fusils s'y mettent,
Ils songent, feu dans l'âtre, épouses et lits propres.
Je les vois, bouffés des rats, dans des trous immondes,
Dans les tranchées éboulées, fouettés de pluie,
Rêvant de ce qu'ils faisaient avec battes et balles.
Et d'eux, se fiche la vaine attente de revoir
Les jours fériés, les soirs de ciné, les guêtres,
Et par le train, le chemin du bureau.
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pour eux
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Les haillons de l’amour ne se reprisent pas .
Nataraja.