Dans ce champ labouré tant de fois chaque jour
Tous les corps sont figés, torturés sous la pierre
Ils pleurent désespoir, ils vantent leurs atours
Aux oreilles des sourds qui aiment leurs prières
Parfois pour les choyer, un concert de sanglots
Tout en disharmonie se leur voit chantonner
Par de sombres poètes éclairés de falots
Qui ne font qu'entonner des propos surannés
Puis tous ces beaux artistes à la voix hypocrite
Inhument leur blessure au noir de l'encrier
Oubliant leur parents, les tombeaux de granit
Viennent se repentir au marbre meurtrier
Les blés dans les cheveux au reflet envoûtant
Les ailes lacérées par des lames profanes
Se ternissent brûlés sous le pinceau du temps
Revers caressés d'une cape diaphane
Seule une triste folle au regard délavé
Toute vêtue de blanc, épouse du chagrin
Vient ériger son trône en ce lieu dépravé
Retient en sa fosse le tyran de son sein
Elle noie de ses pleurs le blanc de ses dentelles
Sur la pierre maudite au mutisme féroce
Et ne voulant répondre aux litanies mortelles
Perpétue sa souffrance en un écho atroce.
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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent