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     Grandir dans les orties (lettre perdue).
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Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
RomaneJones
Envoyé le :  21/8/2020 15:17
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Grandir dans les orties (lettre perdue).
Grandir dans les orties. (Lettre perdue)


J’écris le soir quand il est tard, à l’abri des regards, une conversation intime entre ma souffrance et le papier prêt à m’accueillir. Alors ce soir, dans le silence d’un dortoir je noircis de mes mots une lettre perdue comme toutes celles que j’ai postées à ma mère et où les réponses sont restées vaines …

Je m’appelle Clément et j’ai quinze ans. Je vis ici et ailleurs et si je ris certains jours, je maudis les cris de mes nuits. Il y a plusieurs années, je vivais avec ma grand-mère dans le centre de la France, elle m’élevait depuis toujours car ma mère pour son travail (soi-disant) ne pouvait pas le faire. Elle vivait à Paris et je la voyais très rarement. Mon père décédé avant ma naissance était celui dont on ne prononçait jamais le nom et encore aujourd’hui j’ignore pourquoi. Je posais des questions à mamie et elle me répondait toujours qu’elle ne voulait pas s’en mêler. Une fois, je lui ai demandé si ma mère avait pleuré quand papa était mort et elle a dit que non car sa fille estimait que les larmes ne changent pas le destin et voilà rien de plus et grandit avec ça si tu peux et si tu ne peux pas c’est pareil ! Et j’ai grandi avec Mamine, c’est ainsi que je l’appelais, juste elle et moi….
L’année de mes neuf ans, Mamine est morte d’une forte grippe mal soignée et j’ai pleuré et je pleure encore même si cela ne change pas le destin ! Ma mère m’expédia dans un pensionnat et elle reprit la route vers Paris sans une larme et sans un baiser sur le front.
Au fil des années, de pensionnat en pensionnat toujours plus loin, j’ai continué de brûler mon enfance et je suis devenu un voleur de souvenirs, ceux des autres et un chapardeur de mamans, celles des autres….
Chaque vacances scolaires, elle m’envoie en colonie, l’hiver à la montagne, l’été à la mer et peu importe où dès l’instant que ce soit très éloigné de Paris ! Dans ces centres de vacances, je peux mentir aux copains qui ne connaissent pas mon histoire et ma solitude. J’emprunte la mère de Paul qui confectionne toujours pour son fils des gâteaux et celle de Julien qui le couvre de cadeaux et de bisous et il râle en plus ! S’il savait comme je l’envie ! A Noel, je monte à Paris car le pensionnat est fermé pour les fêtes. Ma mère n’ayant pas le choix me fait dormir dans la chambre d’ami et cela montre que le séjour doit rester sur du court terme au cas où il me prendrait de rêver. Parfois, j’espère sa mort pour que certains de mes mensonges deviennent des vérités. Elle brille sous les flashs, elle sourit sur les couvertures des magazines, elle est riche d’apparences et d’argent et je suis pauvre d’amour mais j’ai apprivoisé la douleur de l’absence et je ne lui offrirais plus mes pleurs car pour elle, je n’en ai plus. Son public, ses amis, les hommes qui traversent pour un temps sa vie la vénèrent comme une Rose et moi, je n’en connais que les épines.
Je hais les vendredis quand les copains préparent leurs sacs pour le weekend, une cruelle réalité qui me rattrape chaque semaine. Je ne guette plus aux carreaux un éventuel départ. Les manches de mon pull ont trop essuyé mes espoirs sur des vitres embuées et seul dans le brouillard, je m’invente des histoires pour exister dans ce monde entre ici et nulle part. Et quand encore certains me demandent : - Tu ne pars pas toi ? J’ai envie de hurler que non mais si tu veux, emmène-moi ! Alors je reste et je déambule dans les couloirs glacés de silence et je me dis, un jour qui se souviendra de moi... Un autre à ma place dormira dans le lit de mes chagrins. Au fil du temps, je suis devenu un érudit et oui, il faut bien s’occuper l’esprit quand tout n’est que vide. Dévorant des livres pour meubler l’ennui, me nourrir d’émotions, apprendre le sens du sentiment et oublier qui je suis pour un moment.
Odette, c’est la lingère de l’établissement, elle s’étonne de me voir prendre autant de centimètres et les pantalons qu’elle rallonge chaque mois témoignent du temps qui passe. Bientôt je serais un homme. La pauvre, elle ne peut pas faire de miracle alors elle a informé l’administration qui a appelé ma mère, la priant d’y remédier dans les plus brefs délais. Connaissant la vitesse d’exécution et le peu d’intérêt qu’elle me porte, sur l’enveloppe un mot : Urgent !
Ils sont arrivés enfin au bout d’un mois, pour elle c’est du rapide croyez moi !
Trois tailles différentes, ainsi elle sera tranquille pour de longs mois qu’elle vivra en déesse au cœur sec. Griffonnée de sa main sur un petit bout de papier : « Alors il paraît que tu grandis »

OUI Maman, je pousse comme ils disent ici, né de père pas connu et de mère si peu vue
Toi l‘inconnue à qui je dois tant de déserts affectifs et qu’aujourd’hui je méprise.
OUI je pousse et demain je deviendrai poète et père pour offrir des vers d’amour à mes enfants.
OUI à toi l’absente dont je ne prononcerai plus le nom,
J’ai grandi dans les orties…


(J’écris la vie tout simplement, des lettres perdues souvent d’hommes, de femmes, d’enfants
qui l’espace d’un moment ont traversé ma route avec leurs bagages de souffrances.)


Romane
cyrael
Envoyé le :  21/8/2020 15:23
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83220
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).

triste est l'orphelin , l'orpheline, ou l'enfant abandonné….

*ils sont des milliers à connaître pareil sort *



sans amour, ils sont dans la SURVIE...
parfois, maltraités , torturés,
leur vie est un long chemin de douleur,
souffrance sans pareille..
pour eux la vie est un enfer..






OUI Maman, je pousse comme ils disent ici, né de père pas connu et de mère si peu vue
Toi l‘inconnue à qui je dois tant de déserts affectifs et qu’aujourd’hui je méprise.

OUI je pousse et demain je deviendrai poète et père pour offrir des vers d’amour à mes enfants.
OUI à toi l’absente dont je ne prononcerai plus le nom,
J’ai grandi dans les orties…


Emouvante lecture,

une plume qui sait toucher le cœur , avec des mots puissants


MERCI A VOUS


----------------
EVELYNE NADINE maryjo 2O11

RomaneJones
Envoyé le :  21/8/2020 15:32
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Merci à vous cyrael d'être venue
déposer un commentaire bien touchant
sur cette lettre perdue....
Les petits Clément sont si nombreux dans ce monde!
Je suis très touchée par vos compliments!

Amicalement

Romane
dolores
Envoyé le :  21/8/2020 16:10
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 24/8/2009
De: france : 06 Alpes-Maritimes
Envois: 34130
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Un bel écrit émouvant merci du partage amitiés ...je ne peux comprendre hélas ! j'ai eu une enfance entourée belle soirée


----------------

Merdesiles
Envoyé le :  21/8/2020 18:10
Plume de diamant
Inscrit le: 7/2/2010
De:
Envois: 10623
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Oui nombreux sont ils et un tout petit peu d'amour les font fondre magnifique écrit fictif ou non , ils en existent trop de ces enfants qui ne connaissent pas pères et mères et qui parfois les ont mais c'est comme si ils en avaient pas
Lejumeau
Envoyé le :  22/8/2020 9:17
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2020
De:
Envois: 2351
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Romane, une lettre un peu perdue, là aussi dans cette rubrique prose ! Des lecteurs y passent, ne s'y attardent pas.

Une page de vie écrite avec l'encre du coeur. Une lettre écrite avec un coeur. Il sait lui la part de vérité qui existe dans cette enfance vécue.
J'ai comme l'impression que cette enfance c'est un peu la mienne aussi. J'avais écrit sur la fiche de renseignements du pensionnat au sujet de mes parents que j'étais un orphelin de père et de mère en vie. Ta lettre perdue mérite d'être connue.
Aimer la poésie, mais lire c'est aussi aimer les mots. Il y a bien des poèmes qui manquent de poésie.
Les pensées poussent dans le jardin de ton étre, femme enceinte de graines de mots. Tes fleurs de mots aux noms de poéme, prose ... ont de bien jolies couleurs
Il y a des fleurs qui mériteraient bien un pot à l'accueil à l'entrée d'un jardin poétique
Bonne journée Romane, les mots ils t'aiment
Amitie
RomaneJones
Envoyé le :  22/8/2020 15:02
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Bonjour

Merci beaucoup dolores pour vos mots sur cette lettre.

Merci beaucoup Merdesiles, oui parfois malheureusement
certains sont des parents au coeur sec!

Merci beaucoup Lejumeau pour vos mots et votre confidence
Vos compliments me vont droit au coeur!

Cette lettre est fictive mais écrite à l'émotion des
rencontres de ma vie avec des enfants ou adolescents
privés d'amour dans des murs d'indifférence....

Amitiés

Romane
Lejumeau
Envoyé le :  22/8/2020 15:50
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2020
De:
Envois: 2351
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Romane, c'est ce que j'aime, romance. Merci à toi je suis rentré dans l'histoire, cette page de vie est une réussite.
Un coup de coeur donc qui ne sera pas nominé, ah, le pouvoir des mots. C'est ainsi que naissent mes nouvelles je m'inspire d'une part de mon vécu et de la rencontre avec l'autre. C'est lui alors qui devient le personnage important.
Bonne journée
Ma vie en ce moment s'éloigne de mon stylo, je suis en lecture et relecture... Trois recueils à peaufiner sur l'histoire du village. Je reviendrai
Amitié
RomaneJones
Envoyé le :  23/8/2020 10:49
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Bonjour Lejumeau
Un grand merci à toi...
Bon dimanche
Amicalement
Romane
Bellosogno
Envoyé le :  23/8/2020 12:36
Plume de platine
Inscrit le: 12/8/2017
De:
Envois: 2786
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).


Une histoire vraiment touchante et d'une bien triste réalité pour toutes celles et ceux qui l'ont vécu ou la vivent dans leur enfance.


Ce que je retiens avant tout c'est cette "réalité" si bien ressentie au travers des mots et qui se cale parfaitement à la fiction, c'est là où l'art de l'écriture prend tout son sens alors déjà un grand bravo pour cela !

Ensuite c'est l'éloignement que ressent et vit si intensément Clément qui ne pourra bien sûr laisser indifférent personne à la lecture. J'ai lu attentivement et je vois que rien n'a été oublié dans cette histoire pourtant pas si longue à lire tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une lettre et même les vacances d'hiver ou d'été et qui prennent de fait tout leur sens ici dans cette lettre perdue.

Une mère qui du début à la fin de l'histoire et en toutes circonstances fera tout pour éloigner et s'éloigner de son enfant, jamais la moindre attention, le moindre câlin, la moindre tendresse, même la chambre d'ami à sa venue chez elle... et uniquement pour un court moment...
Un enfant qui ressentira tant la solitude absolue et le rejet réel de sa personne et qui par là se créera par moment face aux autres comme à lui-même une autre mère mais juste pour un instant d'où l'emprunt imaginaire de la personne (j'emprunte la mère d'untel ou untel) et qui lui donnera donc un fragment d'existence momentané bien plus attrayant et constructif mais la douleur et la tristesse resteront malheureusement toujours de mise...

Recueillement d'une souffrance sur le papier qui se fera l'unique confident secret pour cet enfant, là est la force transmise par vos lignes à qui la comprendra...

Même si jamais lu par la mère, la lettre servira d'échappatoire, et les livres un peu plus tard serviront à s'évader et rêver... puis bien sûr pour oublier le triste sort et un jour devenir poète.
On voit bien que le côté littéraire a une grande importance pour vous Romane, il ressort si bien ici dans vos lignes.

Je deviendrai poète et père pour offrir des vers d'amour à mes enfants... pas de hasard je pense dans cette très jolie phrase et si en dehors de l'histoire-ci on met mère à la place de père dans un autre contexte... vous voyez où je veux en venir...

"Grandir dans les orties" qui piquent l'âme et font mal au coeur et au corps dépourvu d'attention, d'affection et d'amour parental... juste mon ressenti perso de ce titre.

"Un jour qui se souviendra de moi" je retiendrais personnellement ces mots là pour la profondeur de leur sens... et aussi de ces larmes qui ne changent pas le destin mais restent pourtant bien réelles tout au long du parcours de l'existence.

OUI j'ai bien lu et bien capté l'émotion qui parcourt tous les mots alors juste un grand bravo à vous Romane pour ce partage trés intéressant et bien émouvant et il y en aurait tant à dire !




Amitiés


Pascal


----------------
Toutes les gares du monde sont sur le chemin de mes voyages

RomaneJones
Envoyé le :  23/8/2020 17:59
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Merci infiniment Pascal pour votre long commentaire élogieux
qui me touche beaucoup!
Cette histoire , je l'ai écrite avec beaucoup d'émotions car ici c'est Clément mais c'est un peu du vécu de mon père mais aussi une adolescente Laura privée d'amour de ses parents qui l'envoyaient de pensionnat en pensionnat toujours plus loin de la France et pendant les vacances, dans des familles qui
l'accueillaient dans tant de pays! Ses parents lui ont fait faire le tour de la terre car très riches
mais bien pauvres... Voir amputés de sentiments pour elle

Amitiés

Romane
Sybilla
Envoyé le :  11/9/2020 23:48
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 93818
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).


Bonsoir Romane,

Un écrit si émouvant sur les orphelins qui m'a extrêmement ému à la lecture !
Tant d'enfants vivent ces tristes événements...
Ta profonde sensibilité a su rendre les émotions palpables en ton merveilleux récit !



Belle soirée !
Mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

RomaneJones
Envoyé le :  22/9/2020 11:03
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Bonjour Sybilla
Un grand merci à toi pour ton si beau commentaire... Et désolée d'y répondre si tard !
La souffrance des innocents de la vie me tient à cœur
Amitiés
Romane
ZAGHBENIFE
Envoyé le :  26/9/2020 19:18
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/11/2015
De: ALGER
Envois: 33170
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
l'orphelin souffre, et nul ne peut imaginer la souffrance d'un orphelin


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https://www.edilivre.com/peregrinations-29f53ef39f.html/

RomaneJones
Envoyé le :  29/9/2020 10:56
Plume de platine
Inscrit le: 6/12/2019
De: Gironde
Envois: 3181
Re: Grandir dans les orties (lettre perdue).
Bonjour ZAGHBENIFE

Un grand merci à vous pour votre commentaire sur cette lettre perdue...
Oui la souffrance d'un enfant privé d'amour est très dure et parfois irréversible pour l'avenir!

Amicalement

Romane
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