Combien nous avons couru pieds nuds
Derrière les cerceaux.
Combien de pièges tendus
Combien de filets
Combien de perdix pris d'assauts.
Oh! Infinis bercements
Aux bords des oueds
Courant à grands flots !
Oh forêts aromatiques
Et montagnes escaladées
Du bas en haut!!
M'entend-tu oh terre féconde!
Oh orge et blé coupés à la faux
Que le monde était vaste
Et que le ciel est beau!
De bonne heure, nous sortons
Le cerveau plein de jeux
Sans savoir où, ni comment.
Nous dérangeons les gerboises
Les lièvres et les cygnes sauvages
Camoées près du ruisseau
Nous dérangeons les bergers
Leurs chiens et leurs troupeaux
Nous courons derrière les ânes
Et les vaches et les veaux.
Nous gambadons ici et là
Nois rions aux larmes
Et nous tombons à genooux
Devant les lotus parfumés
Et les coquelicots.
Nous saluons le coucher du soleil
Et les vols des corbeaux.
Puis, nous rebroussons chemin
Épuisés, imprégnés d'odeurs
Sans bruit et sans écho.
Que ce temps est lointain !
Et que nos cœurs étaient chauds.