Le génie du coquillage. fable
Sur le sable blond, un beau coquillage
S’était échoué sur le clair rivage
Il était rosé, tacheté de brun
Et brillait, verni, dans le clair matin
Dans ses spires d’or logeait un génie
Qui était très beau, avec peu d’esprit
Vaniteux, voulant montrer sa maison
Se rengorger de notre admiration.
Or les vagues molles entassaient le sable
Sur cette coquille si remarquable
Le génie alors dit à l’océan :
« Mets ma maison en un point plus clinquant.
Je veux qu’on la voie de très loin autour
Je veux voir le monde depuis ma tour ».
L’océan répond : « Ainsi sera fait
Sur ce haut rocher, je te placerai ».
Il enfle une vague Ă©norme et puissante
Qui balaie la plage, toute Ă©cumante
Le coquillage est soulevé d’un bloc
Pour se fracasser sur le plus haut roc.
Le génie éclate en imprécations
« Océan tu as détruit ma maison
Mon palais de nacre et d’aragonite
Vraiment, tu me déçois, tu me dépites ».
L’océan répond : « mais tu l’as voulu.
Tu voulais jouer les beaux m’as-tu-vu
Tu ne savais pas que cette coquille
Etait la plus belle de la famille
Si tu n’avais pas voulu te montrer
L’homme que tu vois là se promener
L’aurait ramassée pour sa collection
Et mise en vitrine en exposition.
Tu aurais été plus célèbre encore
Mais en voulant trop que les gens t’honorent
Tu as gâché là ta plus belle chance.
Prends cette leçon avec élégance ».
Daniel Dive. 3 juin 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)