J'ai voulu ce matin pour toi ma bien-aimée
Cueillir en mon jardin une rose embaumée,
Mais en l'allant chercher j'ai frôlé une ortie
Et sur ma jambe nue la douleur ressentie
Me fit jurer et faire un brusque mouvement
Si bien qu'en la cueillant une épine dardant
Sur sa tige est venue s'enfoncer dans mon doigt.
Alors, au fond de moi j'entendis une voix
Dans mon for intérieure qui disait:'' Ne vas pas
Apporter cette rose à cette demoiselle.
Certes, jeune et jolie, elle a beaucoup d'appâts,
Mais elle est inconstante, égoïste et frivole,
Et ne mérite pas que pour elle s'envole
Ton cœur qui est trop faible et te laisse sans armes
Esclave et amoureux trop épris de ses charmes ''.
Troublé, je suis sorti à pas lents du jardin.
Je songeais en tenant cette rose à la main.
Ses pétales étaient d'un joli incarnat.
Soudain, sur le trottoir, sortant d'un internat,
Courant et chahutant, de jeunes écoliers
Me heurtèrent. Je fus vivement bousculé
Et j'ai lâché ma fleur qui vite piétinée
N'arrivera jamais jusqu'à ma dulcinée.