Rampant sur cette terre au milieu du limon
Dans la boue, les relents, la fange,
La larve rêve alors de côtoyer les monts
Et de voler parmi les anges.
Fatiguée d’une vie morne, insipide et terne
Soumise à trop de servitude,
Et souhaitant que brille à présent sa lanterne
Sous de nouvelles latitudes.
Elle n’ignore pas qu’après métamorphose
La mort tracera son sillon,
Mais la tentation de cueillir une rose
Occulte souvent l’aiguillon.
La chenille, un beau soir, devient donc papillon
Virevoltant vers sa potence,
Consciente qu’elle pose un funeste bâillon
Aux ailes de son existence.
Le poète, souvent, par la rime et le mot
Déploie son audace et son zèle,
Pour s’en aller quérir du laurier le rameau
Et se brûler ainsi les ailes.
Car il ressemble tant à ce lépidoptère
Dans sa quête d’éternité,
Papillon d’une gloire éternelle… éphémère :
L’illusion de la liberté !