Je les ai rencontré par un étrange hasard
Mais qui sait si le hasard n'est pas le destin
Elles allaient toutes les trois au petit matin
Faire leur course prés du boulevard.
Ce sont trois petites vieilles ridées
Marchant courbées avec trois grands paniers
Portant fichus , trottinant à pas cadencés
Murmurant entre elles des mots étrangers.
Leurs courses faites elles rentrent chez elles
Filant encore plus vite que pour l'aller
Comme si le Diable était après elles ,
Muettes dans cette incroyable ruée .
Les voilà dans l'escalier qu'il faut grimper ,
Ecoutez les souffler , ahaner en chœur
Jusqu'au troisième où elles demeurent
Dans un vieil appartement du quartier.
Dans leur salon les voilà essoufflées ,
L'ainée s'installe prés d'un vieux rouet,
La plus jeune prés d'elle prend une bobine
D'une laine duveteuse étrangement fine.
D'une commode la troisième sort un ciseau
Tire le fil puis d'un geste habile
Le coupe sous les lames assassines .
Ainsi toute les journées se fait le trousseau
Sous les doigts de ses sorcières habiles
Parques sont leur patronyme.