Chemin du château de Messire le Roi, jour de l’an nouveau :
Mes doigts caressent les cordes de la lyre, fidèle amie, et chantent le début des histoires qui trépignent d’être contées…
Bien tôt, le soleil me tapait dans les yeux, tandis qu’au loin j’apercevais le drapeau de sa royauté s’agiter dans les airs. J’attrapai alors mon sac de fortune et entamai la marche, laissant derrière moi, comme à mon habitude, l’initiale de Dame Aurélie gravée sur l’écorce.
De là , on distinguait nettement les grandes murailles du château de Sire Enguerrant…
Soudain, je me retourne ! Alerté par la galopade de destriers. Deux chevaliers me saluèrent, avec courtoisie. Ils voulurent même que leur soit joué l’air du bon Gaspard :
« …Et voyez le chapeau d’Gaspard,
Baudoin le gros s’est assis d’su !
Sa teste est com’ cel’d’un bousard
Ben y passe pu inaperçu ! »
Ils se tordaient de rire en remuant dans tous les sens, sur leur selle, l’un manqua même de tomber ! L’autre me balança trois écus que je ramassai dans les herbes. Puis je les regardai partir au galop. Ha… en prenant les pièces, je vis ce trou au devant de ma botte, me souvins alors que je devais rendre visite au cordonnier. Gustave m’avait promis cette faveur si je lui jouais la marche des gueux persécutés. Je l’aime bien le vieux moustachu…
Enfin, j’arrivai devant les portes de la ville. « Tiens, me suis-je même dit, la dernière fois, les douves contenaient davantage de flotte… » Et je levai la tête. Les gardes m’autorisèrent à pénétrer dans l’enceinte.
Tout à coup, un gamin passe devant moi à toute allure : « Ola ! Jeune chevalier, Vot’monture est-elle prête ? L’envahisseur arrive à nos portes ! Préparez les armes ! »
Ca les faisait toujours rire ! Ha les enfants… ils apprécient beaucoup la musique eux aussi.
Là , à ma droite, était l’auberge, ça riait fort de bon matin… Deux toises* à ma gauche, une jeune fille avec un panier. Un chien aboie… « Ne prends point peur fillette ! Ca gueule souvent mais ca mord pas ». Elle me regarda, surprise, puis avança, plus sûre d’elle. Je me dirigeai ensuite sur la grand place, c’est là que je m’installai. Le chant des coqs et un long meuglement laissaient deviner que c’était jour de marché. Sans trop attendre, les badauds s’approchaient. Dans ce fouillis de corps et d’âmes souriant, j’étais peut-être le plus heureux d’un spectacle ! Tous étaient réunis… et moi, comme à chaque fois, je souriais et commençais :
Ô Lyre-Rondel… chante-nous l’Histoire de France ! »
*Toise : unité de mesure au moyen-âge, correspond à 194,9 cm (étymologiquement : étendue des bras)
Jonathan (Joey) - Jeu 5 Avril 2007 -
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De petits malentendus peuvent être responsables de grands tourments, tout comme une grande amitié peut l'être de leur disparition
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