MON BEAUF
J’ai quitté ma chaumière, pour vivre chez ma mère,
Tout ça à cause de qui ? Imaginez un peu,
A cause d’un marquis, se prenant pour Dieu,
Et passant ses journées à y mettre le feu !
Ce n’est pourtant rien, rien d’autre que mon beauf !
De mon mari, hélas, c’est le seul frangin !
J’aurais préféré qu’il le mette sur « off »
Et qu’à ses désires, il mette quelques freins.
J’aurais préféré qu’il fut comme moi : unique,
Ca m’aurait évité de prendre claques et cliques,
De quitter ma chaumière, pour vivre chez ma mère…
Tout en songeant, pourtant, que c’est lui qui s’incruste,
Et que je foutte le camp, et bien ce n’est pas juste !
Suis-je encore chez moi, dans cette chaumière ?
L’ai-je jamais été ? Parlez ! Dites-le moi !
Si vous pensez vraiment que c’est tout le contraire,
Mieux vaut peut-ĂŞtre alors que nous en restions lĂ !
Mes beaux enfants me manquent, comme à toutes les mères,
Et quitter ma chaumière, ce n’était point mon choix,
Mais celui qui s’installe pour des semaines entières,
Parasite notoire, me chasse de sous mon toit !
Oui, mais comprenez-moi ! Dix-huit ans que ça dure !
J’en ai marre, ma foi, d’héberger cette enflure !
Qu’il me dise fait ça, parce que je le désire,
Si ça ne te plaît pas, t’as qu’à déguerpir !
Mon homme est une mauviette, face Ă cet abruti !
Tout ça, parce que, mazette, il est d’quinz’mois plus p’tit !
J’aurais un tel frangin, y-a longtemps, je le jure,
Qu’il aurait pris ma main au travers de la figure !
Je s’rais sortie d’mes gongs et j’aurais fait en sorte
Qu’il parte pour de bon, tout en fermant la porte.
On ménage la chèvre, on ménage le chou,
Moi je ne suis ni l’une ni l’autre pour deux sous !
Je ne peux accepter que mon homme le préfère
A moi, son épouse, de ses enfants la mère !
En suis-je encore aimée ? Une question que j’me pose,
Ou me fais-je des idées ? Il faudrait qu’on en cause !
En attendant pourtant, c’est encore moi qui trinque !
Ras-le-bol vraiment d’être prise pour une dingue !
Antigone (09.10.2005)
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(c) Antigone
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction" (Antoine de Saint-Exupéry)