Plume d'or Inscrit le: 19/6/2016 De: Envois: 1927 |
Histoire d'os ! Histoire d’os !
Quand les ombres des villages désertés, meurent Après le départ, des derniers habitants Les âmes des défunts, dans les tristes demeures S’approprient les lieux, en nouveaux occupants.
Un vent glacé traverse les rues et venelles Il souffle les souvenirs, d’un lointain passé Où l’on voyait les paysans, à pas pressés Rejoindre leur logis, à travers les ruelles.
Plus de feu dans l’âtre, plus de fleurs aux balcons Le cœur du bourg se remplit de vacuité Sur la statue du vieux poilu rubicond Un corbeau pleure des larmes de viduité.
Et du cimetière, des lumières s’allument Car des caveaux, des tombeaux, les morts hâves, maigres Prennent vie et s’animent, leurs habits de brume Brassent l’air putride, fétide, en relents aigres.
Tout ce petit monde, à la lueur des flambeaux Se dirige vers la place, un bruit de cliquetis Trouble la nuit, les os s’entrechoquent, des lambeaux De chair pendent nonchalant sur leurs abattis.
Soudain, la farandole macabre prend vie Un ballet de spectres, une danse infernale Les squelettes moisis, valsent sur le parvis De l’église, se livrant à leur bacchanale !
Quand la Lune baille aux premiers rais du jour La danse macabre prend fin et les squelettes S'en retournent à nouveau pour leur long séjour D'éternité, après une brève toilette.
Et les flambeaux s'éteignent, tout est fini Il ne reste rien de la folle frénésie De la nuit, le monde est atteint de myopie Les âmes des vivants sont frappées d'amnésie.
Car les esprits au fond des tombes minérales Se rappellent de leurs effroyables dépouilles Les souvenir du passé, ce temps immoral Ils ne peuvent oublier qu'ils sont des arsouilles !
Le vent gémit dans les arbres de la forêt Des sons plaintifs, inarticulés et empreints De douleur, de longs cris sourds venant des marais Sous de faux traits, la Mort a pris un nom d'emprunt.
Dans le sinistre et angoissant cimetière Des squelettes blanchis sortent de l'ossuaire Le cliquetis des os à travers la bruyère Trouble le sommeil des habitants du sanctuaire.
La troupe désarticulée marche d'un pas Plutôt assuré et dès qu'arrive minuit Reprenant vie, pas le temps de prendre un repas Car elle se bourre la gueule toute la nuit !
La Mort a fait son œuvre, les âmes perdues Errent dans les décombres d'un vieux manoir Les fantômes sortent durant les heures indues Et se dispersent en fumée dans la nuit noire.
Aux abords du cimetière communal Quelques squelettes recherchent dans l'ossuaire Leur crâne, peine perdue, une bacchanale Ils en perdent la tête, folie mortuaire.
Et un vampire édenté sort de son cercueil Il tourne en rond, se dit, où est mon dentier ? Il va rater le bal annuel, quel accueil De ses frères immortels, dans le quartier.
Sur la route on aperçoit la troupe de zombies Marchant vers le village et ils ont tous les crocs La faim tiraille leur estomac, pour lubie Ils aiment la chair putride, bande d'escrocs.
Un hurlement guttural, c'est un loup-garou Il se plaint à la pleine lune, un éclair A brûlé sa belle toison, devenu roux Il pleure en sanglots sous le ciel stellaire.
|