On les voyait souvent roupiller
L’un contre l’autre sur un banc
Seule leur canne les empêchait
De s’étaler de tout leur long
Sur la rue menant au marché
Où l’odeur nous mène d’elle-même
Au sel et aux poissons d’eau douce
Aux épices et la sueur des marchands
Ça faisait longtemps que je les avais vu
Ces deux vieux amants atteints de paresse
Ils dorment qu’au son de la ville grouillante
Allez savoir pourquoi, l’âge sûrement
Leurs pieds semblaient ne plus
Se souvenir de leur fonction
Ils trainaient comme du sable
Que le vent efface vivement
Leurs dos courbés changeait le cours
Des longs soupirs des passants
Ils revenaient souvent de droit
À leurs propriétaires
Ça faisait longtemps que je les avais vu
Ils étaient comme une vieille tapisserie.
Quand le marché a mis la clé sous la porte
On a plus revu ce drôle de couple
Maintenant j’en suis presque certaine
C’était l’odeur fraîche de la morue
Qui assoupissait le corps de ces aieux
Auparavant pêcheurs de haute mer
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sylvianni