Je reste sans voix devant cette femme qui porte sur son dos son oncle.
Et si la photo de l'artiste Abd Lahmid Ammar... là amené aux plateaux avec des bouquets de fleurs, pourquoi sommes nous restés impossibles et indifférents devant cette femme qui porte son oncle sur son dos?
Je me le demande bien, et je garde mon doigts pointé sur cette indifférence.
Écoute mon orpheline, ma fée:
« Si tu savais,
Je t'ai portée sur mon dos
De très longs trajets.
Tantôt sous un ciel splendide
Traversant rivières
Et vallées.
Tantôt sous des pluies battantes,
Des foudres
Et des tempêtes
Aux terribles fouets.
Jamais, je n'ai crié famine,
Jamais plus, mal aux pieds.
Mais à présent,
Que la vieillesse avance,
Et l'heure de trépas
A sonné,
Mes pieds mes jambes
Me trahissent,
Qui va à son tour m'emporter? »
On te voyant passer indolente,
Oh toi! Ange plein de gaieté!
Les gens dont la curiosité tourmente,
Te fixent d'un regard distrait.
Tu portes sur ton dos ton oncle,
Sous un ciel ardent et brouillé
Semblable à celle qui,
Pour épargner son père de la mort,
L'a un jour bel et bien allaité!!!
Oh adorables remparts!
Aimez-vous toujours les damnés?